Mag' Chasse

La déclinaison Light Plaine du fusil superposé Super Orion se montre pour l'instant tout à fait discrète. Personne n'en parle, ou presque. Peut-être parce qu'il s'agit de l'évolution d'un modèle existant depuis 22 ans ou que certains concurrents de Chapuis ont déployé plus de moyens en communication pour “jouer des coudes” sur le devant de la scène. Peut-être pour une autre raison que nous ne percevons pas… Il y a là un mystère qui nous laisse songeurs. Car ce superposé est plus qu'une nouveauté intéressante. Plus qu'une innovation judicieuse. Plus qu'un complément de gamme bienvenu. Mais bien l'un des fusils les plus enthousiasmants que nous ayons eu le bonheur de tester au cours des dix dernières années. Le Super Orion constitue une excellente arme, le Light Plaine s'impose en pur joyau. Nous l'avons essayé en calibre 12 avec chambres de 76 mm, canons de 71 cm à chokes fixes, crosse anglaise, deux détentes et éjecteurs automatiques. Sachant qu'il existe dans de nombreuses autres configurations, selon l'habitude de Chapuis de permettre à chaque chasseur de concocter l'arme qui convient très exactement à ses attentes. Il est possible de choisir le fusil Super Orion Light Plaine en calibre 20. Ou avec des tubes de 76 cm, des chokes interchangeables, une crosse pistolet, une détente unique non-sélective. Ou encore équipé de simples extracteurs. Dans ce dernier cas, sa crosse et son devant sont issus d'un noyer moins raffiné que pour la variante à éjecteurs. Le Light Plaine est doté d'une jolie ligne d'ensemble, de bois à l'unisson (dans sa version à éjecteurs) et d'un ponçage à l'huile digne des tous meilleurs ateliers artisanaux.

Il déçoit en revanche visuellement par l'extrémité trop abrupte, presque “taillée à la hache”, de son devant, et par sa gravure d'un autre temps dans le choix de son motif comme dans sa réalisation. Ce n'est pas par son aspect que le fusil déchaîne l'enthousiasme. Il ne le prétend d'ailleurs pas. Son envoûtement réside dans son comportement en action. Contrairement à beaucoup de superposés à bascule en alliage léger, presque tous même, il conserve un équilibre impeccable. Ses concepteurs revendiquent à juste titre d'avoir réalisé là un impressionnant tour de force. La concentration des masses autour de la bascule a également été très soignée et cela s'identifie d'emblée. Ces deux caractéristiques transforment le fusil en farfadet virevoltant, aérien et bondissant. Avec de surcroît une prise en main et une visée magistrales. La première est confiée à un devant et à une poignée de crosse à l'ergonomie aussi intemporelle qu'éprouvée. La seconde à une traditionnelle bande ventilée quadrillée large de 7 mm, terminée par un grain d'orge doré.

L'adage selon lequel “les vieilles recettes demeurent souvent les meilleures” se vérifie une fois encore… Ce qui permet au Light Plaine de rejoindre le légendaire fusil superposé Baby Bretton à l'apogée mondiale de la maniabilité et de la vivacité ! L'utilisateur achève d'être conquis. Le Super Orion Light Plaine ne s'arrête cependant pas là. Ses détentes, grâce à son mécanisme de percussion Blitz, se révèlent presque aussi douces, nettes et franches que celles d'une réalisation artisanale à platines de haute maîtrise. La sensation de recul, malgré la légèreté de l'ensemble, 2,610 kg, se montre tout à fait pondérée jusqu'aux charges de 34 g de plomb, et encore acceptable avec celles de 36 g. En revanche, bien que le fusil subisse l'épreuve spéciale permettant de les utiliser, les munitions “haute performance” à billes d'acier doivent être proscrites… et même, hormis à titre exceptionnel, celles dites “standard”. Il est préférable, pour la chasse en zones humides, de s'en tenir aux plus douces parmi les cartouches à g rains de cuivre… Les gerbes produites par les chokes fixes “quart” et “demi” - du moins selon leurs marquages, car quasiment “demi” et “trois-quarts” après mesure - affichent une superbe régularité et des groupements correspondant à leurs dimensions réelles. Le verrouillage du faisceau confié à deux tenons latéraux positionnés entre les canons s'avère irréprochable, comme l'ajustage de ce faisceau à la bascule. La classique sûreté à poussoir sur la poignée de crosse et les éjecteurs à ressorts s'acquittent parfaitement de leur tâche. Malgré leur taille réduite, ces éjecteurs projettent les douilles à deux bons mètres. Tout sur ce fusil de chasse est pensé et réalisé pour générer une efficience et un agrément exceptionnels quelle que soit la chasse pratiquée (sauf celle du gibier d'eau). Le Super Orion Light Plaine constitue à son niveau de prix et même sensiblement au-delà, malgré la discrétion de son lancement, “la” nouveauté de l'année en matière de fusils à canons lisses. Probablement aussi celle de la décennie car ses concurrents vont devoir faire montre de beaucoup de talent au cours des trois prochaines années pour le détrôner… voire seulement l'approcher.