
L’histoire
En 1935 la Luftwaffe (armée de l’air Allemande) est créée et les soldats, pilotes, tout le personnel qui la compose est équipée avec le même matériel que l’armée de terre. Cependant les besoins étaient bien différents et parmi ceux-là il fût nécessaire de développer un couteau à destination des parachutistes ainsi que du personnel navigant, que ce soit les pilotes, parachutistes ou les mitrailleurs de bombardiers.
C’est vers 1936 que SMF (Solinger Metallwarenfabrik) propose un couteau dit “à gravité”. Cette notion de gravité n’a rien à voir avec la chute du parachutiste… C’est simplement la manière dont sort la lame du manche. La lame du couteau de la Luftwaffe est rangée dans la poignée. Pour la faire sortir, il faut pousser le levier sur le côté droit vers l’avant, et basculer le poignet vers le bas : la lame “tombe”, par gravité donc, et il suffit de replier le levier dans sa position d’origine pour la bloquer en position sortie. Ce design a été spécialement choisi car l’opération peut se faire facilement d’une seule main. Un geste vigoureux du poignet peut aussi faire sortir la lame comme le ferait un couteau à cran d’arrêt.

Ce Flieger-Kappmesser (littéralement “couteau d’aviateur”) est très souvent associé aux Fallschirmjäger, les parachutistes allemands, dont les objets en vente atteignent souvent des prix pharamineux… En réalité, il était destiné à tous les personnels navigants de la Luftwaffe. De plus, ce couteau n’a pas été créé initialement comme couteau de combat, mais comme couteau de survie. Pour les parachutistes, il fallait un couteau facilement utilisable pour éventuellement couper les cordages du parachute à l'atterrissage, si les cordes étaient prises par exemple dans un arbre. Pour les pilotes, il fallait pouvoir couper rapidement les ceintures de sécurité pour s’extraire de l’avion. De plus, il était même possible de l’utiliser sans sortir la lame pour éventuellement casser les vitres du cockpit lors d’un crash. L’épingle qui se replie sur le côté gauche du couteau sert, elle, aux parachutistes qui préparent eux-mêmes le pliage de leurs parachutes avant un saut. Évidemment, cette épingle pouvait aussi servir à plein d’autres usages sur le terrain, comme sortir un étui ou une douille coincée dans un fusil ou un canon. Bref, le couteau à gravité allemand est un outil multifonction qui servira aussi bien à couper des légumes qu’à plier un parachute.

Cependant sur le terrain, il sera aussi utilisé par des unités combattantes autres que provenant de la Luftwaffe. Des unités de Waffen SS l’ont utilisé sur le front de l’est à Koursk, ainsi que des unités à ski pour la raison simple que le couteau était facile à transporter, facile à utiliser, plus petit que la baïonnette de Mauser 98k et parfaitement apte au combat rapproché.
Après la Seconde Guerre mondiale, l’armée allemande recomposée fabriquera le Type 3 en 1958, néanmoins la production est faible et les stocks des couteaux fabriqués durant la guerre seront réutilisés. Il faut attendre le Type 4 en 1970, qui sera utilisé par les parachutistes mais aussi les équipages de chars. Eickhorn produira l’AES79 qu’on rencontre sur le marché tantôt nommé LL80, tantôt LL100, mais le principe de “gravité” est toujours le même, et l’allure générale rappelle bien le modèle de la Seconde Guerre mondiale.

Les variantes

On peut résumer ainsi : il existe deux grands types différents. Les modèles de 1938 à 1942, et ceux de 1942 à 1945. La différence entre les deux est la possibilité de démonter la poignée pour enlever la lame et ainsi nettoyer facilement le couteau, là où sur les premiers modèles, la poussière pouvait facilement s’introduire dans le logement. On remarque sur ces modèles du second type une flèche pointant vers le bas, ainsi qu’un bouton carré qui permet de désolidariser la partie supérieure métallique.

On peut pousser le niveau de collection jusqu’à identifier 18 modèles différents, selon l’auteur Jan-Peter Brüning dans son ouvrage spécialisé. Car outre le fabricant d’origine, il y a eu aussi F&A Helbig - Steinbach à partir de 1938 et Paul Weyersberg & Co - Solingen en petites quantités aussi à partir de 1938. Des petites subtilités dans les poinçons allemands en plus, ainsi que certaines versions utilisant d’autres matériaux rendent l’attrait pour ce type de couteau très intéressant, mais n’ayant eu que trois exemplaires du premier type sous la main, nous n’irons pas détailler ici ce qui se trouve dans l’ouvrage de cet auteur allemand.
