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Test du fusil Lebel Mle 1886

Fusils et mousquetons avant 1900
Par Thomas Anderson
Publié le 13/10/2025
Dernière modification le 14/10/2025
RÉSUMÉ
Le plus célèbre des fusils français
Il s’agit sans doute du fusil le plus iconique de l’armement réglementaire français: le “Lebel” est quasiment indissociable de la silhouette du “poilu” de la Première Guerre mondiale. Ce fusil marque aussi un profond changement dans l’armement en étant le tout premier à tirer une cartouche à poudre sans fumée. Voir les notes détaillées et le verdict
Points forts
  • Morceau d'histoire.
  • Réglementaire français.
  • Fonctionnement atypique.
  • Accepté au T.A.R.
  • Fusil en Catégorie D2 - Cartouches en C8.
Points faibles
  • Canon qui chauffe rapidement.
  • Hausse à 400 ou 250 m.
  • Les prix qui montent anormalement.
Fiche technique
Origine : France.
Catégorie : Cat. D2.
Type : Carabine à réarmement manuel.
Calibre : 8x51mmR.
Longueur totale : 1300 mm.
Longueur du canon : 800 mm.
Capacité : 8+2 cartouches.
Nombre de rayures : 4 à gauche.
Poids à vide : 4,18 kg.
Hausse : de 250 à 2400 m.
Le test en détail

L’histoire


Aussi étrange que cela puisse paraître, l’histoire du fusil dit “Lebel” est intimement lié à l’histoire du fusil Autrichien Kropatschek. Cela commence par l’adoption du Mle 1878 pour la marine française. Il s’agit d’un fusil du système Kropatschek et tirant la cartouche de 11x59R mm gras. Alors que l’armée de terre adoptait en 1874 le fusil Gras, qui n’est finalement qu’un Chassepot converti à la cartouche métallique, la Marine décide d’acheter et de faire fabriquer chez Steyr en Autriche (pratique inhabituelle pour l’époque !) des fusils Kropatschek. L’avantage par rapport au Gras Mle 1874 c’est que le fusil autrichien dispose d’un magasin tubulaire sous le canon d’une capacité de 7 cartouches dans le tube, plus une dans la chambre, augmentant ainsi considérablement le volume de feu d’une section. Ce qui, dans un contexte marin et colonial, peut s’avérer fort utile pour des troupes bien souvent en infériorité numérique. Cependant, du côté de l’armée de terre, il n’était visiblement pas encore acquis que le fusil à répétition soit nécessaire. On peut noter que la réflexion devait être assez similaire du côté Prussien puisque l’armée du Kaiser adopta, elle aussi, un fusil monocoup, le Mauser 1871.

Célèbre photo de soldats français du 114ème RI en 1917 avec leurs fusils Lebel en faisceaux.

Pour en revenir au Kropatschek en France, il y avait plusieurs problématiques concernant l’adoption d’un fusil à répétition : la consommation de munition plus élevée, et donc le coût, mais aussi le fait qu’à ce moment-là les cartouches utilisent encore la poudre noire. Quiconque a déjà tiré à la poudre noire dans son revolver comprendra aisément que cela encrasse énormément les mécanismes et que cela produit de grosses fumées. Si la fumée est déjà pénible dans certains clubs de tirs, alors imaginez sur un champ de bataille avec une masse de soldats tirant tous ensemble et pire, ayant à disposition 8 cartouches à tirer en quelques secondes. Cela obstrue immédiatement le champ de vision et complique les ordres sur le champ de bataille.

Néanmoins, on peut noter que durant la guerre civile américaine de 1860-1865, quelques armes à répétition avaient été utilisées avec succès (Cela ne changea pas le cours de la guerre, mais c’est tout de même à noter…) et de plus, il est aussi relaté que durant la bataille de Plevna en 1877, la Turquie aurait largement repoussé les assauts des troupes russes, car les Turcs étaient équipés de carabine Winchester à répétition (probablement des modèles 1866 mais les sources sur le sujet sont maigres…). Certes, les armes à répétition utilisées à ce moment-là sont dans un calibre bien inférieur aux fusils d’infanterie de 11 mm, mais le volume de feu délivré compense largement les calibres plus petits. Tous ces retex vont faire franchir le pas de l’arme de fantassin à répétition chez la plupart des puissances européennes et notamment la Prusse qui va convertir ses Mauser 1871 avec un magasin tubulaire en 1884. Il était alors impensable que la France soit en retard par rapport à l’ennemi de l’époque et l’armée française se devait de fournir à ses troupes un fusil à répétition.

Vue rapprochée du boîtier, la manufacture et la date sont toujours visibles sur le côté droit du tonnerre.

La MAS reprend alors le Kropatchesck de Marine Mle 1878 et l’améliore légèrement pour en faire le Mle 1884, chambré en 11 mm Gras et toujours à poudre sans fumée. Globalement, la ligne de l’arme ressemble beaucoup au modèle de Marine. Il connut immédiatement un successeur l’année suivante nommé Mle 1885. Il s’agit parfois de Mle 1884 convertis en 1885. La différence notable est la crosse séparée en deux, exactement comme le Lebel. Toutefois le calibre reste le 11mm Gras. Des fusils Gras ont aussi été convertis avec des magasins, pour des essais. En fait, les Mle 1884 et Mle 1885 ne sont que des modèles de transitions qui vont amener directement à l’arme qui nous intéresse : le fusil Lebel Mle 1886. Sauf qu’au milieu de tout cela, le chimiste Paul Vieille découvre la poudre sans fumée en 1884, et cela va bouleverser l’armement mondial. Il est alors possible d’envoyer un projectile plus petit, plus loin et cerise sur le gâteau, sans générer un épais nuage de fumée lors du tir. De plus, la nouvelle poudre encrasse moins les armes et n’est plus corrosive. Des tests, courant 1885, sont menés pour déterminer la taille du nouveau calibre et le comité des essais, dont le Colonel Nicolas Lebel fait partie, va se baser sur un calibre de 8 mm.

Le 1er janvier 1886, le général Boulanger est nommé ministre de la guerre et ayant connaissance de cette nouvelle technologie, il veut absolument que la france ait une longueur d’avance sur l’allemagne (qui rappelons le avait le Mauser 71/84 à répétition) et il ordonne que lui soit présenté un nouveau fusil chambré avec la nouvelle cartouche à poudre sans fumée pour le mois de mai 1886. Autant dire qu’il était impossible pour nos manufactures de sortir aussi rapidement une nouvelle arme. La solution ? se baser sur le Kropatschek 1885 déjà existant, et l’adapter à la cartouche de 8x50R (8x51 selon la CIP). Il fût ainsi fait pour qu'en mai 1886 le nouveau fusil ait été présenté devant le général Boulanger, avec une adoption définitive en avril 1887, et une production lancée à fond dans les manufactures de Saint-Etienne, Châtellerault et Tulle pour un total de 3 millions de fusils en 1894 (date de fin de la production principale - de petites séries feront leurs apparitions jusqu’en 1904).

Le fusil Lebel est une arme aux lignes élégantes, presque épurées…

En 1887, le “Lebel” (nom populaire donné par la presse) offre au fantassin une puissance de feu inégalable. L’armée française possède entre ses mains le meilleur fusil au monde, ce qui est surtout lié à sa cartouche : elle dépasse de très loin les performances balistiques en portée, vitesse et pénétration des autres cartouches et surtout ce qui était le plus important à l’époque, de l’Allemagne ! Sauf que cette adoption a été fort précipitée et il était évident que les autres nations n’allaient pas rester les bras croisés et conserver leurs fusils à poudre noire. L’Allemagne (toujours elle) ne tarda pas à développer sa propre cartouche pour son nouveau fusil : le Gewehr 88. Mais la différence c’est que le G88 se charge avec des clips du système Mannlicher (comme un fusil Berthier) et ce système de clips rend les magasins tubulaires comme celui du Lebel complètement obsolète. Certes, le fusil Lebel permet de mettre 8 cartouches dans le tube, plus une dans la chambre et éventuellement une de plus dans l’auget pour un total de 10 munitions contre 5 dans celui du G88, mais une fois les 10 coups tirés, le temps de rechargement va être extrêmement long. Ce qui signifie que sur une minute de tir, la cadence globale sera plus rapide avec le G88 qu’avec le Lebel. On ne peut que constater que le fusil Mle 1886 est rapidement devenu obsolète face aux fusils allemands, britanniques, autrichiens etc.

Vue du côté gauche du boitier, avec le nom complet de la manufacture (ici Châtellerault) suivi du modèle ‘Mle1886’ et dans le cas présent M93 indiquant que le fusil a été mis aux normes de l’époque.

Le drame dans cette histoire, c’est que le fusil Lebel était là pour durer dans l’armée française car si sa production était terminée depuis 1894, il était en nombre suffisant pour équiper l’armée de la mobilisation en août 1914. Le fantassin français est donc parti au combat avec un fusil obsolète à cause de son magasin tubulaire. À noter que la cartouche, elle, était par contre parfaitement apte et performante, du moins sans faire mention de la problématique de la forme de son étui pour les armes automatiques, mais c’est une autre histoire.... Durant le premier conflit mondial, les pertes colossales sur le terrain ont relancé la production de pièces à la manufacture de Tulle et il n’est pas rare de trouver des fusils avec des canons datés durant les années de la guerre. Cependant, le fusil Lebel était en train d’être remplacé par le Berthier 07-15, dont le magasin du type Mannlicher était plus convenable. Les Fusils Lebel furent utilisés encore longtemps dans l’armée française, surtout pour l’utilisation du tir à la grenade à fusil, et ce jusque dans les années 30.

Cartouche engagée dans l’auget, prête à être chambrée. Notez le bouton du cut-off en position arrière, permettant d’utiliser le magasin tubulaire.

Dans les évolutions du fusil, on remarquera que la plupart des exemplaires sur le marché sont marqués ‘M93’ sur le côté gauche du boîtier : il s’agit de modifications apportées en 1893 et appliquées sur la plupart des fusils. La fixation de la hausse a été améliorée, la tête de culasse est modifiée pour l’évacuation des gaz en cas de rupture d’étui et le bouchon de culasse est redessiné pour faciliter le démontage. Enfin, en 1916, la hausse et le guidon ont été modifiés, pour une visée ‘carrée’ : le guidon est plat et dispose d’une fente comme sur les Berthier. On rencontrera donc ce type de guidon sur les fusils dont le canon a été changé durant la guerre.

Le fusil ‘Lebel’ sera encore utilisé après-guerre et il sera tenté de l’adapter à la nouvelle cartouche de 7,5x54 et un magasin de type Mauser en tant que Modèle 27. Ces exemplaires sont quasi introuvables sur le marché. Pour terminer, on peut mentionner le R35, une version raccourcie en 4+1 des années 30, pour les troupes de l’arrière.

L’évolution de la cartouche de 8mm Lebel, de gauche à droite: Balle M, Balle D (1898) et Balle N (1932).

Au stand


Comme précédemment indiqué, le fusil Mle 1886 dispose d’un magasin tubulaire. Pour l’alimenter, il faut simplement ouvrir la culasse et baisser l’auget avec votre pouce. Un petit clic caractéristique se fera entendre et vous aurez alors accès au tube. Il suffit ensuite d’insérer les cartouches une à une tout en n’oubliant pas que le ressort du magasin à une centaine d'années et qu’il peut vite fatiguer au-delà de 5 cartouches. Une fois la dernière cartouche insérée dans le magasin, si vous refermez votre culasse il n’y aura aucune cartouche de chambrée puisque la dernière se trouve encore dans le tube. Il y a un petit coup à prendre mais en théorie il faudrait mettre votre dernière cartouche dans l’auget plutôt que le magasin, et avec un coup sec sur la culasse vers l’arrière, vous faites remonter l’auget donc la cartouche au niveau de la chambre. Parce que : oui, les cartouches ne vont pas remonter toutes seules au niveau de la chambre, c’est bien la culasse qui actionne l’auget et ce par un mouvement sec et court vers l’arrière. Inutile de forcer, il faut juste que le geste soit vigoureux. Vous aurez alors le plaisir de ‘sentir’ l’auget remonter, et lorsque vous allez chambrer la cartouche, l’auget va redescendre tout seul pour faire sortir une nouvelle cartouche du tube et ‘préparer’ la montée au niveau de la chambre. C’est évidemment plus facile à montrer en vrai qu’à écrire sur le papier et lorsqu’on manipule le fusil on sent réellement l’auget descendre et récupérer une cartouche du magasin, ce qui est réellement plaisant.

Hausse et guidon du 1er type

Sinon vous avez un levier sur le côté droit du boîtier qui sert à bloquer la descente de l’auget lorsque vous fermez la culasse. C’est un système ‘cut-off’ que l’on rencontre sur beaucoup d’autres armes de l’époque comme le Springfield 1903 ou certains Lee-Enfield.

Hausse et guidon du 2nd type, dont la forme est carré. Souvent plus faciles à utiliser au stand.

Une fois les manipulations de base comprises, vous aurez la joie d’emmener votre fusil Lebel au stand pour faire parler ce monument de l’histoire française des armes à feu réglementaires. À notre connaissance, PPU Partisan est la seule société à proposer des cartouches manufacturées de 8mm Lebel. Ces cartouches sont aptes à être tirées dans n’importe quel fusil : qu’il soit modifié N ou non. C’est une question qui revient assez souvent sur les forums mais il n’y a aucun problème de compatibilité. De plus, si vous avez un fusil non modifié pour la balle N, c’est peut-être mieux ainsi car bien souvent les étuis tirés sont très gonflés et si vous rechargez cela fatigue les étuis et les craquelures au niveau du col apparaissent plus rapidement. Concernant le rechargement, tous les composants sont disponibles dans le commerce, et vous pourrez adapter des balles en .327 avec, par exemple, de la N150. Le 8mm Lebel n’est pas plus compliqué qu’une autre cartouche à recharger.

Détail d’un fusil Lebel ayant été modifié pour la balle N. Ce qui signifie que ce fusil était encore dans les stocks de l’armée en 1932. Une belle longévité !

Si le Lebel est une belle arme élégante, néanmoins au stand vous constaterez qu’elle ne manque pas de défauts… Disons qu’on achète un Lebel pour son côté historique et non ses performances au stand, même si le fusil est loin d’être ridicule. Néanmoins, le premier point négatif est l’absence de poignée-pistolet. Ensuite la détente est… typique des armes réglementaires françaises avec un point dur immédiat, sans réelle course avant que le coup ne parte. Ce n’est clairement pas une détente match ! Quant aux organes de visées, cela dépendra si vous avez celle du 1er ou 2nd type: visée fine ou carrée. Étrangement, la visée carrée s’en sort mieux pour le confort du tireur, avec cette petite fente sur le dessus. La culasse, qui s’arme à l’ouverture, n’est pas non plus la plus fluide que l’on ait connu. Et pour terminer, le canon est assez fin et chauffe très rapidement : en seulement 15 cartouches, vous aurez un mirage, ce qui est évidemment très gênant si on envisage de faire le T.A.R. avec ce fusil ! Mais il faut bien comprendre que toutes ces considérations de tireur sportif ne sont finalement que secondaires par rapport au plaisir de tirer avec cette arme à haute valeur historique, et qui attirera forcément les curieux sur le pas de tir. Le fusil Lebel au stand, c’est avant tout un bon moment à passer plutôt qu’une séance de recherche de la performance.

Cartouches rechargées avec balles PPU et N150: résultats honorables pour du tir posé à 100m. Le gros problème est la chauffe du canon qui crée vite un mirage.
Note détaillée & évaluation technique
Valeur mécanique
Canonnerie, précision.
Valeur esthétique
Design, qualité des matériaux, finitions.
Valeur d'usage
Prise en main, équilibre, visée.
Rapport qualité-prix
LE VERDICT
Test du fusil Lebel Mle 1886
Il est difficile de noter sur 5 le fusil Lebel car c’est avant tout plus une arme de collection qu’une arme pour aller régulièrement au stand. Certes, sa prise en main et sa précision ne sont pas au niveau d’autres fusils réglementaires, mais il s’agit d’un monument de l’armement français. Posséder un Lebel c’est posséder un véritable morceau d’histoire. Tirer au Lebel c’est la garantie de passer un merveilleux moment au stand. Malheureusement, les prix flambent complètement depuis plusieurs années, probablement liés à la catégorie de l’arme et parce que les très beaux exemplaires sont de plus en plus difficiles à trouver…
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