Un peu d’histoire
En avril 1987, les États-Unis franchissent une étape décisive dans l’organisation de leurs forces spéciales avec la création de l’USSOCOM (United States Special Operations Command), une structure centralisée chargée de superviser et de coordonner les opérations spéciales des différentes branches de l’armée américaine. Dans cette logique d’optimisation des moyens, l’USSOCOM lance, au début des années 1990, un ambitieux programme baptisé Offensive Handgun. Son objectif : doter les forces spéciales d’une arme de poing moderne, adaptée aux exigences des conflits contemporains.
À cette époque, le Beretta M9, alors en service, ne répondait pas aux besoins spécifiques des unités d’élite. L’arme recherchée devait remplir un double rôle : celui d’arme de secours, mais aussi d’arme principale pour certaines missions où la discrétion était primordiale.
Le futur pistolet devait respecter des critères stricts. Sa longueur ne devait pas dépasser 250 mm sans accessoire et 400 mm avec un modérateur de son. Le calibre imposé était le .45 ACP, avec une exigence particulière : être capable de tirer des munitions à pression accrue, bien plus puissantes que les .45 ACP standards. Ce détail technique a d’ailleurs contribué à l’absence de variantes du célèbre 1911 dans la compétition, son mécanisme n’étant pas conçu pour supporter une telle pression.
D’autres spécifications venaient compléter ce cahier des charges ambitieux. L’arme devait :
- Disposer d’un chargeur d’au moins 10 cartouches.
- Être équipée d’un chien externe et d’un levier de désarmement.
- Offrir un mécanisme permettant de bloquer la culasse lors du tir pour réduire le bruit.
- Pouvoir recevoir un module de visée intégrant un laser (visible et infrarouge) ainsi qu’une lampe tactique.
En plus de ces caractéristiques, l’USSOCOM imposait des tests de résistance d’une rigueur extrême. L’arme devait notamment endurer 30 000 tirs sans défaillance et survivre à un bain de 96 heures dans un mélange d’eau salée et de sable, simulant des conditions d’opérations en environnements hostiles. Face à ces exigences, plusieurs entreprises se portent candidates. L’armée américaine met en place une première phase de tests destinée à écarter les modèles les moins performants. Les fabricants sélectionnés à l’issue de cette phase se voient offrir un financement pour poursuivre le développement de leur prototype.
À l’issue de ces premières évaluations, deux concurrents se détachent : Colt, le légendaire fabricant américain, et Heckler & Koch, fleuron de l’industrie armurière allemande.

Après une série d’épreuves, c’est finalement Heckler & Koch qui l’emporte. Son prototype se distingue par une fiabilité supérieure et un niveau de développement plus avancé. En effet, le Mk23 tire profit des premiers travaux réalisés sur ce qui deviendra la gamme USP (Universelle Selbstladepistole) qui « démocratise » la carcasse en polymère, déjà introduit avec le VP70.

Heckler & Koch perfectionne alors son prototype en trois versions successives, visant à optimiser son ergonomie et son efficacité. Parmi les ajustements notables, on note l’abandon des stries de préhension à l’avant de la culasse ainsi que la suppression du dispositif de blocage de glissière, jugé finalement superflu.

Le Mk23 Mod 0 voit officiellement le jour avec un ensemble complet, comprenant un modérateur de son et un module de visée laser développé par des partenaires industriels.

Au tir
Une fois l’arme en main, on est surpris par son poids malgré l’utilisation d’une carcasse en polymère. Le pistolet pèse plus d’un kilogramme à vide et dispose de dimensions imposantes notamment sa longueur (25cm) et surtout son épaisseur (3,9cm). Les tireurs aux grandes mains apprécieront cette prise en main, pour les autres, je vous invite à l’essayer avant d’en faire l’acquisition. La texture de la poignée est néanmoins très confortable sans être trop agressive.
Le reste de l’ergonomie est confortable si ce n’est le bouton pour retirer le chargeur typique des pistolets HK de l’époque. Ce bouton a le mérite d’être ambidextre mais il est petit et doit être abaissé pour relâcher le chargeur.

La sûreté ambidextre est à l’arrière de la carcasse et le Mk23 dispose également d’un levier de désarmement uniquement sur le côté gauche, de même pour l’arrêtoir.
La détente est souple tant en double action qu’en simple action. Ce n’est pas une détente match mais le départ est net surtout en simple action avec un poids de départ de 2,6kg. La double action est lourde (5kg) mais plus fluide que celle d’un Beretta 92.

De même pour les organes de visée qui sont simples et efficaces avec une visée trois points. La hausse et le guidon sont surélevés pour utiliser le Mk23 avec un réducteur de son. Conçus dans une optique de combat, ces organes de visées sont épais mais permettent de faire de bons groupements sans trop de difficulté.
Le poids et les dimensions prennent leur sens lors du tir. Le ressenti est très doux, le recul est totalement gérable et permet d’enchaîner les tirs plus rapidement qu’avec un Glock 21, par exemple.
Si l’on installe un réducteur de son au bout du canon fileté, l’expérience est encore plus plaisante.