Histoire

À la sortie de la Seconde Guerre mondiale, l’armée française est équipée de nombreux pistolets et revolvers différents. On retrouve encore en Indochine des pistolets Ruby ou des revolvers 1892 qui datent de la Première Guerre mondiale, mais aussi les PA1935A et S fabriqués en France avant et après l’invasion. Au milieu de cela, s’ajoute des Luger P08 ou P38, récupérés durant le second conflit mondial, mais aussi fabriqués brièvement par la France lorsque l’usine de Mauser, à Oberndorf, était occupée jusqu’en 1947. On peut encore ajouter à la longue liste les Colt 1911A1 en 45ACP…
Il fallait uniformiser le matériel et surtout les munitions. Deux choix auraient pu être fait : continuer de fabriquer et d’utiliser les PA1935, ou au contraire partir sur la fabrication en France des P38 à partir des machines Mauser. Le souci dans le cas de l’usine Mauser c’est qu’elle a dû être détruite en 1948, sous la pression soviétique. Concernant les PA1935, leur problème provient de leur cartouche : le 7,65 long. L’armée de 1940 était équipée du pistolet-mitrailleur MAS38, dans le même calibre, il était donc logique d’avoir le pistolet aussi en 7,65 long. Cependant, après 1945, les choses sont différentes : les Sten MkII et MP40 sont largement utilisées, cela se voit bien sur les photos en Indochine, par exemple. Cumuler des pistolets dans des calibres divers comme le 8mm92, le 7,65 browning ou le 7,65 long, cela complique considérablement la logistique. Il semble donc plus logique de rester sur le 9mm Para (9x19), calibre bien répandu, déjà utilisé dans les pistolets-mitrailleurs et parfaitement apte au service dans une arme de poing. De plus, au même moment est développé un nouveau pistolet-mitrailleur : la MAT49.

Dès 1946, un cahier des charges est établi et c’est vers 1950 que sont testés différents pistolets, de la MAT (Tulle), de la MAS (Saint-Etienne), mais aussi de la SACM (Société Alsacienne de Construction Mécanique) et de SIG (Neuhausen, en Suisse). Pour ce dernier, rien d’étonnant puisque le PA1935A a été conçu par un Suisse, et on voit tout de suite que l’allure générale du P210 (ou P49) est très proche. Il paraitrait même que le pistolet de chez SIG a été acheté et testé sans que la firme suisse soit au courant…
C’est le pistolet de la MAS qui a été retenu pour être adopté définitivement le 16 août 1950. Sa désignation officielle est bien “Pistolet Automatique de 9 mm modèle 1950” comme on peut le voir sur les manuels d’époque. Il faudra attendre juin 1953 pour que les premiers pistolets sortent de l’usine de … Châtellerault ! En effet, si le pistolet a bien été conçu par la MAS, c’est la MAC qui l’a fabriqué jusqu’en 1961. D’où le nom si bien connu de “MAC50”, car Châtellerault a bien mis ses initiales sur la glissière. La production des “Modèle 1950” s’est poursuivi à la MAS au début des années 60, et si les pistolets sont strictement identiques, il semble que ceux-ci soient un peu mieux fabriqués, du moins c’est ce qu’il se dit dans les cercles de collectionneurs qui se mettront plus en recherche d’un MAS que d’un MAC.

Le MAC50 est le dernier véritable pistolet réglementaire conçu et fabriqué en France. Sa durée de service est exceptionnelle et il a connu la quelque centaine d’OPEX entre son adoption et les années 2000, que ce soit en Algérie, au Tchad, au Liban, en Irak et même en Afghanistan. Le gros reproche qui lui est souvent fait est sa capacité limitée à 9 cartouches, alors que le GP35, développé bien avant disposait déjà d’un chargeur double pile de 14 cartouches. Cependant, il faut parfois se remettre dans le contexte d’une époque où l’arme de poing ne sert… pas à grand-chose. Elle sert surtout à équiper des personnels encadrant qui n’ont pas réellement le besoin d’une arme de combat. Toutefois, dans le cadre des missions de la Gendarmerie, on peut estimer que l’arrivée des PAMAS G1 avec les chargeurs double pile et (surtout) la double action, cela soit prépondérant. On notera que nos amis suisses ont aussi adopté le SIG P49, avec chargeur simple pile et en simple action, et on pourrait même arguer que certains corps de l’armée américaine n’ont toujours pas quitté la plateforme 1911…

Démontage et fonctionnement

D’un point de vue technique : rien de révolutionnaire sur le MAC50. Il fonctionne par court recul du canon, exactement comme un Colt 1911. On retrouve les biellettes sous le canon. Cependant, il dispose d’une platine amovible dans la poignée, qui le rend très facile au démontage. Il n’y a pas non plus de “bushing” à l’avant de la glissière. Le démontage est plus simple que cela. Il suffit de retirer le chargeur, basculer la culasse vers l’arrière jusqu’à relever manuellement l’arrêtoir et enfin de venir pousser sur le côté droit de la carcasse le bouton de l’arrêtoir. Arrêtoir retiré, la culasse s’enlève vers l’avant et ensuite, on enlève simplement la tige guide et son ressort, ainsi que le canon. Le démontage ainsi que le nettoyage, qui parle à bon nombre de lecteurs, est très aisé.

Un point important concernant la robustesse du MAC50 : comme toute mécanique, elle a ses limites. Le pistolet est endurant, c’est vrai, mais n’oublions pas que certains exemplaires ont longuement servi, parfois à une époque où il n’y avait aucune distinction entre les munitions de MAT49 et de pistolet. Si les exemplaires qui sortent en ce moment des stocks ont l’air tout à fait correct, il est opportun de vérifier si des débuts de fêlures n’apparaissent pas :
- À l’angle de la butée de sûreté de chargeur côté gauche.
- Entre le logement du poussoir du crochet de chargeur côté droit.
- Au droit de l’épaulement du premier tenon de verrouillage.
- À la liaison du canon et du support de biellette.
- À la hauteur de la fenêtre d’éjection.
- Entre la cuvette de tir et le logement de l’axe de l’extracteur.


Le tir
Le pistolet MAC50 est une arme au profil bien équilibré. Par expérience de l’arme au cours d’un service en Gendarmerie assez fugace, le tir au Modèle 1950 n’avait pas été très agréable… Se retrouver au pas de tir avec cette arme était donc fait sans attentes particulière, sauf celui d’être déçu… En réalité, cette re-découverte, après plusieurs années de pratique du tir sportif, a été un véritable plaisir ! Le premier point positif est comme mentionné : son équilibre. L’arme est bien proportionnée et tient bien en main. Les plaquettes noires et striées sont certes simples, mais épousent bien la main avec leurs formes arrondies. Beaucoup de personnes se sont plaints que le chien venait leur mordre la peau qui venait se positionner à l’arrière. Avec un minimum de pratique, il semble facile d’éviter ce souci…

Le bouton d’éjection du chargeur est facilement accessible avec le pouce de la main droite, et le chargeur sort sans aucune difficulté. La sûreté reste assez particulière avec ce levier qu’il faut basculer vers le haut, faisant pivoter une platine qui n’empêche pas le chien de s’abattre, mais qui l’empêche d’atteindre le percuteur. À noter la présence d’un indicateur de chargement sur le dessus de la glissière, assez discret.
La prise en main pour le tir à deux mains est bonne. Les organes de visées sont par contre fixes, dommage que le guidon ne puisse pas être déplacé au latéral, ne serait-ce que pour corriger un éventuel défaut. Cependant, le guidon carré vient parfaitement se positionner dans le U de la hausse, dont le profil usiné dans la culasse, est bien pensé avec un canal long mais plus ouvert d’un côté pour une bonne luminosité.

Quant à la détente de l’exemplaire essayé, la course est assez courte, mais lourde et filante. Ce qui ne rend pas forcément le tir désagréable, mais il va falloir s’adapter et éventuellement penser à trouver une solution pour alléger ce départ qui semble très prometteur.
Pour cet essai, nous n’avons malheureusement pas de cible à présenter, mais l’exemplaire essayé tient le 8 de la C50 à 25m, ce qui est très honorable. Mais cela risque d’être insuffisant face aux Luger P08 utilisés au T.A.R. dans la catégorie 832 armes historiques ! Les tireurs apprécieront de pouvoir équiper leur MAC50 de plaquettes “trausch” qui améliorent énormément la prise en main, mais ces plaquettes sont difficiles à trouver de nos jours.
