Un peu d’histoire
À la charnière des XIXe et XXe siècles, le développement des armes de poing compactes en calibre 7,65 mm Browning connaît un véritable essor, porté notamment par le succès du Browning 1900. L’Europe, soucieuse de suivre la tendance tout en contournant les brevets américains, se lance, elle aussi, dans la conception de pistolets semi-automatiques de poche. C’est dans ce contexte que l’ingénieur Louis Schmeisser conçoit un pistolet original, doté d’une carcasse pivotante, au sein d’une entreprise à la dénomination aussi complexe que son histoire : la Rheinische Metallwaren und Maschinenfabrik Sömmerda.


Cette société allemande avait acquis en 1901 la Waffenfabrik von Dreyse, autrefois dirigée par Johann Nikolaus von Dreyse, père du célèbre fusil à aiguille prussien. Si le nom Dreyse jouit encore d’un grand prestige, il n’existe en réalité aucun lien technique entre le fusil à aiguille et le pistolet qui sera lancé en 1907 sous l’appellation Dreyse Modell 1907.
Mais sur un marché en pleine expansion, apposer un nom prestigieux sur un produit nouveau constitue déjà un solide argument commercial.
Compact, simple d’utilisation et relativement fiable, le Dreyse 1907 est adopté en calibre 7,65 mm Browning. Il subit au fil du temps quelques modifications esthétiques, notamment sur les stries de préhension de la glissière, mais conserve globalement sa silhouette caractéristique.
Dès la Première Guerre mondiale, il est officiellement adopté par l’armée austro-hongroise. Son rôle reste secondaire, réservé aux officiers, aux unités de soutien ou aux troupes de l’arrière, mais il s’illustre par sa discrétion et sa facilité d’emport. L’entre-deux-guerres marque une transition : le Dreyse 1907 intègre les rangs de la police allemande, notamment dans les années 1930.
Plus surprenant encore, le pistolet connaîtra une deuxième vie pendant la Seconde Guerre mondiale, où il est remis en service, parfois entre les mains de milices du Volkssturm, ces unités populaires levées dans l’urgence lors des derniers mois du conflit. Utilisé bien au-delà de sa conception initiale, le Dreyse 1907 illustre ainsi le destin atypique de nombreuses armes de poing conçues au début du XXe siècle : d’abord objets de modernité, puis témoins d’un siècle de bouleversements politiques et militaires.

Au tir
Les organes de visée, rudimentaires, sont composés d’un guidon fixe et d’une hausse en U, peu adaptés au tir de précision mais en adéquation avec la vocation de l’arme : la défense rapprochée. Le pistolet ne possède pas d’arrêtoir de culasse, et la manipulation de celle-ci s’avère relativement difficile, notamment en l’absence de prise ergonomique marquée.

Le poids de départ de la détente est très lourd, toucher la cible à 25 mètres n’est pas un acquis, cependant l’arme n’a pas été conçu dans cette optique, c’est un pistolet de défense pour la courte voire très courte distance.

Mécaniquement, le Dreyse 1907 utilise une platine à percuteur lancé avec une culasse non calée. L’appui sur la détente va finir l’armement du percuteur qui va être relâché et déclencher le coup de feu. L’inertie de l’ensemble mobile va retarder l’ouverture puis l’étui va être extrait puis éjecté par le port d’éjection à droite. En fin de course, la culasse repart en avant grâce au ressort récupérateur, une cartouche est chambrée et l’arme est de nouveau prête à faire feu.

Le démontage du Dreyse 1907, en faisant basculer la glissière vers l’avant, grâce au levier de démontage à l’arrière. Pour accéder à la culasse, on comprime la bague autour du canon (un étui de .45ACP est idéal pour cette tâche), puis on libère la bague et le ressort récupérateur. La culasse sort alors par le haut. Le remontage est le processus inverse.
