L'A5 cultive la nostalgie du légendaire Auto 5. Il y ajoute dans sa déclinaison Sweet 16 celle du calibre emblématique de toute la première moitié du XXe siècle.

Le calibre 16, même aux temps où il dominait outrageusement le marché, a toujours été discuté. Certains en louaient la capacité à composer idéalement avec tous les fusils, tous les gibiers, tous les modes de chasse.

D'autres lui préféraient résolument la puissance du 12. D'autres encore ne juraient que par le raffinement du 20. Son repli progressif, puis sa quasi disparition en armes neuves, a exacerbé ces divergences. Le calibre 16 est aujourd'hui regardé par ses détracteurs comme un hybride sans identité entre le massif et énergique 12, et l'élégant mais moins performant 20. Il associe en revanche aux yeux de ses adeptes une efficience presque égale à celle du 12 avec un plaisir d'usage tout proche de celui généré par le 20. Les responsables de Browning adhèrent pleinement à cette seconde approche et ils ont décidé de s'engager pour réhabiliter le calibre jadis le plus populaire auprès des chasseurs. Contre toute attente, ils ne se sont pas orientés sur le terrain qui semblait a priori le plus propice à cette relance, la chasse diversifiée du petit gibier avec un juxtaposé ou un superposé. Ils ont choisi de chambrer en 16 l'"automatique" A5, donc un fusil plutôt typé "gibiers migrateurs", domaine où ce calibre ne s'est jamais trouvé plébiscité comme il l'a été par ailleurs. De nombreux exemplaires du plus que centenaire Auto 5 qui a inspiré les lignes de l'A5 ont certes été diffusés en 16.

Nous ne parvenions toutefois pas à adhérer à la stratégie de Browning... jusqu'à ce que nous passions au terrain. Car là, d'un coup, notre regard s'est trouvé bouleversé. L'A5 One Sweet 16 dérive directement de l'A5 en finition One (la plus simple) calibre 12.

La firme le commercialise au prix, formidablement attractif au regard du prestige de la signature qu'il porte, de 1 390 euros environ. Elle nous a confié un Sweet 16 avec canon de 71 cm et deux magnifiques embouts amovibles de 72 mm de long à "serrages" demi-choke et trois-quarts choke; sachant que le modèle existe aussi avec tube de 66 cm. La première surprise réside dans la ligne fluide, légère et dynamique du fusil; dont il semble impossible d'imaginer d'emblée qu'il ne s'agit pas d'un 20. Sentiment que confirme son poids de seulement 2,720 kg, et que renforce encore sa prise en main, sa maniabilité et sa vitesse de montée à l'épaule exceptionnelles. L'extrémité du canon est littéralement projetée vers la cible par la bande de visée striée large de 6 mm, terminée par un in guidon à section circulaire rouge luminescent.

Le canon à long cône de raccordement et long choke engendre des gerbes superbes...

Le très performant sabot amortisseur de recul contribue à l'agrément d'usage comme à l'efficacité du tir.

La détente et la percussion font tout à fait bonne figure pour un fusil à rechargement automatique.

Cette "rapidité sur le gibier" compense intégralement, et peut-être même au-delà, la moindre charge des munitions calibre 16 par rapport à celles en 12. Comme sur l'A5 calibre 12, la détente ravit par sa franchise, et la percussion par sa rapidité et sa vigueur, rares pour un "automatique". Les tirs s'effectuent, malgré la légèreté de l'arme, dans un confort absolu qui favorise leur enchaînement ultrarapide et légitime pleinement l'appellation "Sweet" (doux en français) du modèle. Cette sensation est attribuable essentiellement au long (33 mm) cône de raccordement de la chambre à l'âme du canon et au sabot en matière synthétique souple qui équipe la crosse. Les gerbes offrent, en demi-choke comme en trois-quarts-choke, une régularité magistrale avec les cartouches dotées d'une bourre à jupe et godet, mais à peine convenable avec les munitions équipées d'une bourre grasse. Probablement en raison du profil "fuyant" déjà évoqué du cône de raccordement... qui ne peut pas cumuler tous les avantages. Le fonctionnement du mécanisme de rechargement est impossible à prendre en défaut.

Le mécanisme inertiel développé par Browning affiche une fiabilité totale.

La sûreté enfin, confiée à un classique poussoir transversal positionné à l'arrière du pontet, s'acquitte impeccablement de sa mission. Globalement, la ligne de l'A5 One Sweet 16 manque d'originalité. Son bois apparaît assez terne, et le contour des quadrillages de la crosse et du devant ignore toute élégance. Le fraisage de la boîte de culasse dédié à accueillir une optique de hutte est inapproprié sur un fusil calibre 16, qui n'a aucune légitimité pour cette chasse. Et nous avons déjà évoqué les limites du cône de raccordement inusuel retenu par les ingénieurs de Browning.

Mais hormis cela, ce fusil enthousiasme comme peu d'autres par son efficacité et son agrément en action. Il acquiert grâce au calibre 16 une force émotionnelle et un caractère transcendés par rapport à l'A5 en 12. À tel point que presque tous les "automatiques" en calibre 20 existant sur le marché font vraiment pâle figure face à ce passionnant One Sweet 16 !

Points Forts

+ Originalité

+ Finesse

+ Plaisir d'usage

+ Qualité de fabrication

+ Légèreté, maniabilité et vivacité

+ Visée magique

+ Régularité des gerbes (bourre à jupe et godet)

+ Prix "cadeau"

Points Faibles

– Régularité des gerbes (bourres grasses)

– Fraisage du boîtier de culasse incongru

– Ligne sans imagination

– Quadrillages compliqués

– Bois quelconques

Fiche Technique

Origine : Portugal

Calibre : 16/70

Canon : 2,720 kg

Poids : canon de 66 cm

Destination : toutes chasses du petit gibier

Distributeur

Browning International

Parc industriel des Hauts-Sarts

3ème avenue, 25

B-4040 Herstal

Tel: 0032 4 240 52 11 (Belgique)

Mag' Chasse

L'A5 cultive la nostalgie du légendaire Auto 5. Il y ajoute dans sa déclinaison Sweet 16 celle du calibre emblématique de toute la première moitié du XXe siècle.

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