Mag' Chasse

Elle est enfin là, allongée sur le bord de mon bureau. Je ne cache pas mon enthousiasme car je suis le premier journaliste cynégétique à l'avoir en main ! Nous avons tous découvert cette arme lors de sa présentation par Benelli en 2020 mais la firme italienne a choisi de la lancer dans un premier temps aux Etats Unis en raison de capacités de production limitées. Les chasseurs du vieux continent ont donc dû patienter un an de plus. Ne boudons pas notre plaisir et décortiquons cette très belle carabine. En premier lieu, il convient de dire que Benelli n'a pas raté son design. On aime ou on n'aime pas cette Lupo mais force est de constater que son style est affirmé et que sa ligne est reconnaissable de très loin ! Cette arme à une identité.
 

La crosse et le devant de la Lupo

C'est la grosse particularité de cette Lupo ! Benelli reste fidèle à son image et droit dans ses bottes ! Pourquoi ? Tout simplement parce que cette Lupo reprend le principe de crosse qui équipe les fusils et carabines semi-automatiques de Benelli mais aussi son fusil superposé, ce qui est moins commun ! Souvenez-vous, le fusil superposé 828U dénote dans la production de ce type de fusil par sa grande bascule allongée sur laquelle la crosse est fixée à la façon d'un fusil semi-automatique. Cette Lupo est construite selon la même philosophie. Le grand boitier de culasse métallique reçoit à l'arrière la crosse, fixée au niveau de la poignée pistolet. Cette crosse est confectionnée en Technopolymère noir très solide. Il est possible d'insérer des cales, comme un sur un fusil semi-automatique, afin d'augmenter un peu la distance avec la queue de détente si vous avez de grandes mains. Ces cales de réglage font 1 mm d'épaisseur.
Il est aussi possible d'insérer des plaques intermédiaires pour modifier un peu la pente de la crosse et l'avantage afin de l'adapter dans une certaine limite à votre morphologie.
En ce qui concerne la longueur de cette crosse synthétique Benelli propose un système intéressant et très propre de cales placées juste devant la plaque de couche. Ces cales amovibles permettent de passer d'une longueur de 35 cm au minium à 38,5 cm au maximum. De quoi équiper tous les chasseurs quel que soit leur gabarit ! Le sabot amortisseur est très efficace, c'est le système Progessive Comfort qui absorbe vraiment une partie du recul de la carabine. Il agit comme des amortisseurs de camions avec des lames souples mais fermes qui plient et absorbent ce recul.

Le dos de la crosse comporte un système de busc amovible (Combtech) en matière souple mais ferme qui va protéger la pommette du chasseur. Il n'est pas réglable en hauteur mais Benelli propose trois hauteurs de busc différentes afin que votre œil tombe pile en face de l'axe de visée de l'optique, que ce soit un viseur de type point rouge assez bas ou une lunette de tir avec un montage plus haut.
En tout cette crosse peut donc recevoir 36 positions de réglages finalement assez simples à mettre en œuvre.

Le devant de la carabine est fin. Il est ergonomique avec une surface inférieure assez large et plate qui va bien se caler dans le creux de la main faible et offrira également un support stable sur un sac de tir ou une canne de pirsch de type 4Stable Sticks.
Le quadrillage de la poignée pistolet et du devant est moulé dans le Technolpolymère. Il offre un bon grip sans être abrasif.
 

Le boitier de culasse

Le boitier de culasse en lui-même est confectionné en acier pour une grande rigidité, avec le traitement de surface BE.S.T également apposé sur le canon et la culasse. Cette finition est très résistante à la corrosion et aux rayures !
Une large fenêtre d'éjection est usinée sur son sommet droit permettant à la douille tirée d'être projetée au loin par l'éjecteur piston placé dans la tête de culasse.
Le sommet du boitier de culasse est fraisé et reçoit deux courtes embases de montage optique de type rail Picatinny. C'est un système fiable, esthétique et qui permet de fixer une lunette ou un viseur à point rouge avec un grand choix de montages dont certains assez économiques.
Ce boitier de culasse aux formes externes cylindriques est intégré dans un châssis en aluminium, lui aussi rigide et donc garant d'une bonne précision des tirs. Ce châssis aluminium reçoit un traitement de surface de couleur identique à la crosse et au-devant. Il faut presque tapoter avec l'ongle pour constater que ce n'est pas le technopolymère de la crosse et de devant mais bel et bien du métal !
 

La culasse et le verrouillage

Autre grosse particularité de cette Lupo, son étonnant levier de culasse. J'avoue qu'au premier regard je n'ai pas aimé ce levier avec sa forme très atypique. Après avoir pas mal tiré avec cette carabine et manœuvré ce levier je le trouve désormais parfait et finalement esthétique. La raison ? Son dessin très anguleux et surtout le fait que la partie supérieure de ce levier est très plate, ce qui lui permet de s'intégrer à merveille dans le châssis du boitier de culasse offrant une zone plate et esthétique. Le bas du levier forme un angle marqué possédant à son extrémité une boule ovale très ergonomique. La prise en main lors du chargement de l'arme ou du réarmement est optimale.
La culasse en acier est lourde, 352 g et mesure 18,5 cm de longueur. Elle comporte une grande zone évidée au milieu, afin de gagner un peu de poids et surtout d'améliorer la fluidité du mécanisme. Il y a en effet moins de friction que sur une culasse pleine. La carabine placée à 45 ° vers le haut, il suffit de soulever le levier de culasse hors de son logement pour qu'elle glisse naturellement vers l'arrière grâce à son poids et à cette fluidité exemplaire ! On gagne ainsi un peu de temps lors de l'éjection de la douille tirée et le chambrage de la munition suivante.
La tête de culasse comporte trois très gros verrous, de 12 mm d'épaisseur. C'est du solide ! La griffe d'extraction est placée dans le tenon de droite tandis qu'à l'opposé un éjecteur à piston placé dans la cuvette de cette tête de culasse va pousser le culot de la munition vers l'extérieur.
Il est très facile de désolidariser la noix de culasse placée à l'arrière et donc d'accéder aux pièces internes, ressort de percuteur et percuteur pour les nettoyer, huiler et changer si besoin…
Un indicateur d'armement rouge est visible à l'arrière de la culasse. Il est placé sous la noix finement striée horizontalement.
La culasse reçoit également le traitement de surface BE.S.T. qui va limiter la corrosion, l'usure et améliore la fluidité grâce à sa surface très lisse.

 

La sureté

L'arrêtoir de sureté est placé à l'arrière de la culasse, sur le haut du col de la poignée pistolet. Il est donc ambidextre. Son maniement est fluide et intuitif. En position feu un point rouge est très visible. En position sureté l'actionneur est bloqué entre la sureté et le levier. Le percuteur quant à lui est coincé entre la gâchette et la carcasse de la culasse. Il ne peut se déplacer vers le haut pour être libéré.

Un discret arrêtoir, placé juste à côté de la racine du levier de culasse, permet d'ouvrir la culasse alors que la carabine est en position de sureté et donc d'alimenter ou décharger la carabine dans cette position. On retrouve ce dispositif de déverrouillage de la culasse sur certaines autres carabines comme la Sako S20 ou la Sauer 101 par exemple.

 

Le canon

La Lupo est proposée dans six calibres différents :
- 243 Winchester avec un canon d'une longueur de 56 cm au pas de rayure de 10''
- 6,5 Creedmoor avec un canon d'une longueur de 61 cm au pas de rayure de 8''
- 270 Winchester avec un canon d'une longueur de 56 cm au pas de rayure de 10''
- 308 Winchester avec un canon d'une longueur de 56 cm au pas de rayure de 11''
- 30-06 Springfield avec un canon d'une longueur de 56 cm au pas de rayure de 11''
- 300 Winchester magnum avec un canon d'une longueur de 61 cm au pas de rayure de 11''
Le canon est bien entendu confectionné en acier. Il a subi un traitement cryogénique, courant sur les armes Benelli qui va modifier la structure interne de l'acier et améliorer le régime vibratoire de ce canon. C'est censé améliorer la précision de l'arme bien sûr… Le canon profite aussi du traitement BE.S.T. le rendu sur le canon est magnifique avec un noir brillant et profond, bien plus régulier qu'un bronzage. Le canon mesure 17 mm de diamètre en 30-06 Springfield. Il est terminé par un filetage au pas de M14x1 sur lequel l'importateur de Benelli en France, Humbert, a fixé un modérateur de son ASE Utra Radien.
Ce canon est fixé au boitier de culasse par un système de filetage. Il est vissé sur le boitier et Benelli a fait le choix esthétique de laisser l'usinage hexagonal qui a permis cette opération. On le voit nettement au niveau de la découpe du haut du devant à la jonction avec le boitier de culasse. C'est d'ailleurs le seul bémol technique et esthétique que j'apporterai à cette carabine. J'ai un peu peur que des brindilles ne se glissent dans cet espace. Mais c'est une réserve sans conséquence sur la sécurité ou la précision de l'arme.
Le canon est flottant, il suffit d'appuyer sur l'extrémité du devant de la carabine pour le constater ! Benelli garantit sa Lupo pour une précision sub-M.O.A. ce qui veut dire un groupement inférieur à 2,9 cm environ à 100 m. Nous le vérifierons au stand !
 

Le chargeur amovible

Là aussi Benelli innove et a conçu un chargeur assez atypique. Il est intégralement fabriqué en technopolymère et il est bien sûr amovible. II est fixé au châssis par un système de verrouillage placé à l'avant du chargeur. Il n'est pas possible de bloquer le chargeur dans le puit. Il est très large et les cinq munitions (quatre seulement en 300 Win. mag) sont placées à l'intérieur en pile imbriquée. La planchette élévatrice comporte des logements pré formés en forme de munition afin que ces dernières se logent parfaitement dedans. Une séparation fixe à l'avant du chargeur maintient les balles bien en place, même en cas de chute de l'arme et les conserve bien en ligne au moment du rechargement de la carabine. C'est assez innovant.

 

Les départs

C'est un élément clé pour une carabine à verrou, qui participe à la qualité générale et à la précision de l'arme. Des départs trop durs impliquent parfois des coups de doigts…
Benelli le sait bien et a opté pour un bloc détente réglable sur une plage allant de 990 g à 2 kg. Il y en a donc pour tous les goût ! Sortie de boite j'ai mesuré des poids départ aux alentours de 1 kg sur dix tests. La détente est directe, il n'y aucune course libre. Le mécanisme est parfait et se libère sans aucun point dur ni gratouillis. Le reset ou réinitialisation est très courte. La queue de détente noire est striée en hauteur afin d'offrir un appui sûr main nue ou gantée et par toutes les conditions météorologiques. Cette queue de détente est abritée dans un pontet assez large, usiné directement dans le bloc d'aluminium du châssis ce qui qui est esthétique, ne créant pas de rupture de ligne ou de matériau et améliore la solidité de l'ensemble en cas de chute.

 

Sur le terrain

Avant même d'aller au stand de tir j'ai beaucoup manié cette carabine lors de la rédaction de cet article ! C'est une très belle arme, que j'ai eu plaisir à prendre en photo. On reconnait bien la patte italienne, l'audace du design ! Le châssis de la même couleur que la crosse et le devant offre une belle continuité visuelle sans être massif. Les ajustages sont bons, le chargeur se fixe facilement dans le puit, les attaches de fixations du battant de crosse et de la grenadière sont moulés dans le Technopolymère et donc très propres. Les cales de la plaque de couche et le sabot amortisseur sont esthétiques. Seul le busc souple déborde un peu de la crosse et comporte quelques menues bavures de découpe, c'est un détail, surtout au regard du prix plutôt d'attaque de cette carabine à verrou !

Au stand j'ai pu tester cette Lupo équipée de sa lunette Burris Four Xe 2,5-10x50 avec deux munitions différentes, les Hammerhead et les Powerhead Blade de Sako. J'ai souhaité tester deux munitions afin de voir les groupements avec une ogive traditionnelle, la Hammerhead et une plus nouvelle et monolithique comme la Powerhead B lade et sa balle en alliage de cuivre.

Au stand j'ai pu tester cette Lupo équipée de sa lunette Burris Four Xe 2,5-10x50 avec trois munitions différentes, les Hammerhead et les Powerhead Blade de Sako et l'Extreme point de Winchester. J'ai souhaité tester trois munitions afin de voir les différences de groupements entre ces différents chargements.

C'est incontestablement la Powerhead Blade qui m'a donné les meilleurs résultats lors de ce test. Un seul trou à 50 m… à 75 m, je suis passé à un écart de 1,1 cm de centre à centre des impacts. Bien en dessous du Sub MOA garantit pas Benelli.

Les Hammerhead de Sako m'ont offert un groupement de 1 cm à 50 m sur trois tirs. Aussi en dessous du Sub MOA.

Les Winchester Extrême point passent visiblement moins bien dans le canon. Un groupement de 2 cm à 50 m. Etant un peu court en munitions de ce type je n'ai pas pu tirer une nouvelle série de trois coups.

Le contrat est donc rempli pour cette Lupo qui est non seulement belle, technique mais aussi précise ! Une nouvelle carabine, promise à bel avenir sans aucun doute !