
Tout commence en 1974, lorsqu’un chasseur suédois, Arne Ekstrand, accompagnés d’un petit groupe d’entrepreneurs, développe dans un sous-sol un prototype, avec un rouleau de papier toilette et une diode… un viseur à point rouge est né, dont il dépose le brevet en février 1975 : le premier Aimpoint voir le jour. Les premiers Aimpoint ont été conçus pour les chasseurs et les tireurs sportifs.
Le prototype ? Un rouleau de papier toilette…
Les années 1990-2000 voient une montée en puissance des contrats passés avec la police et les forces armées, qui commencèrent à réaliser à quel point un viseur à point rouge pourrait améliorer le tir au combat. Avec plus de 5 millions de viseurs produits de 1975 à 2025, cette jeune maison s’inscrit dans la durée : 50 ans de productions et d’innovations haut de gamme.

Bande ventilée obligatoire
Le concept est simple : l’Acro S-2 se fixe sur une bande de visée ventilée grâce à une embase intégrée sous le viseur. Les embases permettent un montage rapide et bas sur tous les types de fusils de chasse à bande ventilée, exception faite des bandes en carbone !

Une notice d’utilisation permet de comprendre comment prendre les mesures afin de déterminer la bonne embase à monter sur son fusil.
Basiquement, l’Acro S-2 est un viseur collimateur réflex point rouge de forme cubique (boitier en aluminium) possédant une embase intégrée sous le boitier (polymère renforcé). Les mâchoires de l’embase viennent “mordre” la bande et serrer leur étreinte de part et d’autre de celle-ci pour verrouiller le viseur comme un étau. L’optique ne bouge pas lors du recul induit par le coup de feu.

Un jeu d’embase est fournie de série avec l’Acro S-2 pour permettre de s’adapter à la majeure partie des bandes de visée des fusils superposées et semi-automatiques du marché. Les plaques d’embases sont sigillées et numérotées de A à D et de 1 à 4. La notice, des plus simples, permet mesurer et de bien sélectionner les plaques adéquates. Il est très aisé d’installer le viseur Acro S-2 soi-même, les outils pour se faire étant tous inclus.

Tirer les deux yeux ouverts
Le point rouge peut se placer à tous les endroits de la bande ventilée. Pas de risque de déséquilibre sur l’arme, le S-2 ne dépassant pas les 78 grammes dans sa configuration la plus lourde. De surcroit, les inconvénients liés à l’œil directeur deviennent invisibles. En effet, le réticule lumineux est projeté dans le champ de vision du tireur qui tire… les deux yeux ouverts. Le tireur n’a plus alors qu’à se concentrer sur la cible puis sur le réticule.

Cibler le point rouge
Une fois l'Aimpoint en place sur la bande ventilée de notre fusil superposé Beretta 686 Sporting, il faut s’assurer que l’optique est bien centré sur l’axe des canons. La manœuvre est simple : casser le fusil. Prendre un objet fixe comme point de visée, une assiette cartonnée de couleur sur une cible ou le bout d’une branche, par exemple. Puis, vérifier dans son canon supérieur qu’on visionne la cible comme au travers du viseur. Un tir à 25 mètres sur cible fixe vous permettra de voir s’il y a lieu de modifier votre réglage. Pour notre part, suite à ce protocole, un tir sur cible mouvante à courte distance (25 mètres) nous confirmerons le bon ciblage du viseur avec de la grenaille.

9 MOA : immanquable
Le point rouge, au sens strict, mesure 9 MOA (comprendre Minute Of Angle, qui représente la variation de taille du point rouge à une distance donnée). Ce point de 9 MOA est idéal pour les cibles à courte portée et les cibles très rapides. Il est gros et donc facile à repérer. Sa taille et sa luminosité aident à acquérir la cible rapidement sans cacher la cible pour autant. Les 10 plages de réglage permettent d’ajuster l’intensité lumineuse pour que le réticule soit systématiquement bien visible.
Information pratique : Aimpoint propose sur son site officiel des vidéos tutorielles et des cibles en téléchargement gratuit, et ce pour chacun de ses produits, afin de régler de la façon la plus juste le modèle d’Aimpoint que vous possédez.

Testé sur un Beretta 686 Sporting
À l’occasion du cinquantième anniversaire d’Aimpoint, nous avons testé le Acro S-2 lors d’une journée d’essai au Domaine de Sandricourt (60) en battue de haut vol simulée. Entendez par là, des plateaux d’argiles fusant à des distances variées, à la manière de battue de faisans à l’anglaise, lors de cinq battues aux profils très différents. Les tireurs sont dotés de 75 cartouches par battues, soit 375 cartouches tirées dans la journée.
Axel Martinsson, Training Manager chez Aimpoint, donne trois conseils à la ligne de 10 tireurs réunis avant de commencer cette journée de tes t: 1/ Tirez les deux yeux ouverts 2/ Concentrez-vous sur la cible 3/ Prenez sa vitesse et tirez lorsque le point rouge est devant la cible.
Nous avons pu tester le Acro S-2 avec 5 différents modèles de Beretta 686 Sporting ; les fusils étant répartis de nouveaux à chaque battue. De plus, les points rouges n’étaient pas tous positionnés aux mêmes endroits sur les bandes. Cela ne nous a gêné en rien et aucun déséquilibre n’est à noter tant le viseur est léger. Ce nouveau set à chaque battue n’a engendré aucune différence sur nos sensations ou notre manière de tirer.
Nous avons appliqué ces consignes à la lettre et, sans briller, l’application de ce triptyque nous a permis de réaliser de jolis coups, dont des doublés, qui nous ont nous-mêmes surpris à des distances allant de 25 à 35 mètres. Ce qu’il faut retenir : TOUJOURS tirer les deux yeux ouverts et se concentrer sur la cible, le point route permettant dans un dernier temps de suivre une trajectoire ou de rattraper celle-ci pour briser le plateau.
Sensations à chaud : la fenêtre du S-2 offre une excellente visibilité ; son axe optique n’est pas trop haut pour la visée ; le point rouge de 9 MOA permet une acquisition instantanée de la cible ; le point rouge permet de contrôler sa trajectoire. La visibilité du point rouge n’a jamais été mise en défaut sous des conditions climatiques instables, le temps alternant entre forte luminosité, très nuageux et de nombreuses averses. La taille et le relief des deux boutons de réglages est appréciable. L’effort d’appui nécessaire pour passer de OFF au niveau maximum, infime et très rapide.
Pas une baguette magique mais…
Le fait d’utiliser cet appareil ne fera pas de vous le nouveau Comte Clary de manière instantané, cela va de soi. Le fait de s’entraîner, de tirer régulièrement et de prendre des habitudes avec le viseur est indispensable pour bien apprivoiser son fonctionnement par rapport à cette optique, qui n’est pas une baguette magique mais une aide précieuse pour autant qu’on la connaisse bien. Il faudra l’apprivoiser lors d’entrainements avec des séquences différentes pour bien comprendre son intérêt.
Pour quels types de chasse ?
Le Acro S-2 donnera-t-il toute l’étendue de ses qualités sur la totalité des chasses du petit gibier ? Il faudrait le tester sur une saison de chasse complète, dans tous les sens du terme, pour le dire. Des sarcelles vespérales, des grives à la passée ou d’autres chasses buissonnières où le tir instinctif est roi semblent à première vue peu appropriées à ce type d’optique. Toutefois, il nous semble que le tir d’oiseaux aux trajectoires rectilignes ou sur des axes systématiques à postes fixes, voir pour le tir au posé (palombière) ou tout simplement quand la vue baisse, peut trouver un fort intérêt auprès de l’Acro S-2.
Outre le petit gibier, n’oublions pas que Acro S-2 placé sur un fusil, avec un réglage préalable avec les bonnes munitions, peut offrir une aide précise pour tirer le grand gibier quand cela est autorisé, qu’il s’agisse de chevrotines ou de slugs.
Il trouvera aussi une utilité certaine pour les tireurs sportifs qui veulent - ou peuvent - utiliser un viseur point rouge dans leur discipline ou leur passion, l’Acro S-2 pouvant être un excellent outil pédagogique pour les débutants.
