Spécialiste équipement neuf et occasion de chasse / pêche / outdoor, 100% français
|
/
Maison Lorgeril jusqu'à  en livraison gratuite
/
/
Durée limitée
/
Je fonce !
Mag' Tir
Recevez nos newsletters 

Armes réglementaires françaises (partie 1)

Carabines de tir aux armes réglementaires (TAR)
Par Amine Hissane
Publié le 27/05/2025
Dernière modification le 27/05/2025
RÉSUMÉ
Une longue histoire d'innovations
De la première cartouche métallique aux armes emblématiques du XXe siècle, la France a été à l’avant-garde de nombreuses révolutions techniques dans le domaine de l’armement. Cet article revient sur plusieurs armes françaises, certaines très célèbres, d’autres obscures, à la fois innovantes et historiques, qui témoignent du génie de nos ingénieurs et de la richesse d’un patrimoine armurier trop souvent méconnu.
Le guide d'achat en détail


De l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace…


L’histoire de l’armement français est jalonnée d’inventions audacieuses et de designs avant-gardistes qui ont marqué leur époque. De la poudre sans fumée, aux premiers fusils semi-automatiques, en passant par le levier amplificateur d’inertie avec le FAMAS, la France a souvent conçu des armes à feu audacieuses et quelques fois étranges. Cet article vous invite à explorer une sélection d’armes plus ou moins connues, témoins du savoir-faire armurier français.

Le fusil Lebel modèle 1896 est sans doute l’arme française la plus connue de la Première Guerre mondiale.

Lebel 1886


Le Lebel modèle 1886 a une place particulière dans l’histoire militaire française. En plus d’être une arme emblématique de la Première Guerre mondiale, c’est un chaînon important dans le développement des armes à feu modernes malgré un développement précipité.

En 1884, la mise au point de la poudre sans fumée par le chimiste français Paul Vieille marque un tournant décisif dans l’histoire de l’armement. Cette innovation, permettant de concevoir des munitions plus puissantes et moins salissantes, va accélérer un processus amorcé un an plus tôt : la recherche d’un fusil à répétition moderne pour équiper l’armée française.

Dès 1885, des essais sont lancés pour concevoir une nouvelle cartouche adaptée à la poudre sans fumée, ainsi qu’une arme capable de l’exploiter. Plusieurs mécanismes à répétition sont envisagés, notamment les systèmes Mannlicher — qui inspireront plus tard le Berthier. À ce stade, le programme avance à un rythme classique, jusqu’à l’intervention décisive du général Boulanger.

Nommé ministre de la Guerre en janvier 1886, Boulanger veut frapper fort. Il exige qu’un nouveau fusil soit prêt pour le 1er mai de la même année. Un délai extrêmement court, laissant à peine six mois aux ingénieurs pour concevoir, tester et valider une arme révolutionnaire. Face à cette contrainte, les ambitions techniques sont revues à la baisse. On abandonne les mécanismes de type Mannlicher ou Lee : la commission de développement se tourne vers un système déjà éprouvé, celui du fusil de marine Kropatschek Modèle 1878 avec son magasin tubulaire sous le canon. Quant à la culasse, elle dérive directement de celle du Chassepot Modèle 1866, adaptée à une cartouche métallique.

Malgré ces compromis, l’équipe parvient à relever le défi. Le fusil est officiellement adopté le 22 avril 1886, sous le nom de Fusil Modèle 1886. Parallèlement au développement de l’arme, une nouvelle cartouche est mise au point. Il s’agit du 8mm Lebel, premier projectile militaire à pointe ogivale et chemisée, un saut technologique majeur à l’époque. Elle est le fruit du travail combiné du général Tramond (pour la conception de l’étui en alliage), du capitaine Desaleux (qui conçoit la forme en bouteille), et du colonel Nicolas Lebel, responsable du projectile lui-même.

C’est d’ailleurs uniquement pour cette contribution que le nom de Lebel a été retenu. Ironiquement, l’homme n’a jamais prétendu être à l’origine du fusil.

Lebel 1896 M93
Marquage d’un Lebel 1896 M93 fabriqué par la MAS.

À sa sortie, le fusil Modèle 1886 impressionne. Sa portée, sa précision et les performances balistiques de sa cartouche sont en avance sur leur temps. La production est immédiatement lancée dans les trois arsenaux d’État : Saint-Étienne, Tulle et Châtellerault. L’effort de fabrication est massif entre 1887 et 1893, afin d’équiper l’ensemble de l’armée française. Au total, plus de trois millions d’exemplaires seront produits jusqu’en 1904.

Cependant, cette innovation précipitée montre rapidement ses limites. La conception en plusieurs pièces de la culasse, son alimentation par magasin tubulaire peu pratique pour le rechargement rapide et une ergonomie datée, deviendront des défauts notables dès le début du XXe siècle. Ces lacunes seront corrigées avec l’adoption progressive du fusil Berthier plus moderne et mieux adapté aux réalités du champ de bataille.

Malgré ses imperfections, le Lebel reste l’un des premiers fusils à répétition modernes adoptés par une armée nationale. Il a contribué à bousculer les équilibres militaires et poussé d’autres nations à revoir leur copie, notamment l’Allemagne, qui adoptera en réponse le remarquable Gewehr 98. Symbole d’une France pionnière mais parfois précipitée dans son innovation, le Lebel reste une arme emblématique.

Meunier A6
Meunier A6, un fusil semi-automatique méconnu

Meunier A6


Quand on imagine un fusil semi-automatique français de la Première Guerre mondiale, on pense immédiatement au fameux RSC 1917. Cependant, il existe un fusil semi-automatique plus ancien utilisé par les soldats français : le Meunier A6, certes beaucoup moins fabriqué que le RSC.

L’invention de la poudre sans fumée va permettre d’enfin envisager des armes dites « automatiques ». À l’époque, le terme englobe aussi bien les armes entièrement automatiques que celles à fonctionnement semi-automatique, la distinction ne s’imposant réellement qu’à partir des années 1950.

Entre 1894 et 1913, les ingénieurs français conçoivent plus d’une vingtaine de prototypes de fusils semi-automatiques. Ces armes expérimentales testent différents systèmes, principalement à emprunt de gaz, et parfois à long recul du canon. Parmi les figures centrales de cette aventure technologique, on retrouve l’officier d’administration et contrôleur d’armes Étienne Meunier, en poste à l’établissement d’artillerie de Puteaux.

Meunier supervise de nombreux essais et participe à la conception de plusieurs modèles, certains dotés d’un emprunt de gaz direct, système qui préfigure celui du MAS 49. Toutefois, le modèle le plus abouti qu’il développe est basé sur un mécanisme de long recul du canon : le fusil Meunier A6, également désigné sous le nom STA N°8.

Présenté à l’état-major en 1910, le fusil séduit par sa conception novatrice et ses performances. En 1913, il est décidé d’engager une phase d’industrialisation, mais le contexte international tendu et l’imminence de la guerre viennent bouleverser ces plans.

Avec l’escalade des tensions en Europe, le projet est suspendu. L’armée française décide de concentrer ses efforts sur la production en masse d’armes déjà éprouvées notamment le fusil Lebel. Le Meunier A6 est donc mis de côté temporairement.

Marquages du Meunier A6 modèle 1916 fabriqué par la MAT.

En 1915, face aux besoins du front et à l’intérêt renouvelé de l’état-major pour un fusil semi-automatique, le fusil Meunier revient sur le devant de la scène. Faute d’alternative immédiatement disponible, il est décidé de lancer une production transitoire en attendant la mise au point de nouveaux modèles, les futurs fusils RSC.

La Manufacture d’Armes de Tulle est chargée de produire la majorité des composants et d’assurer l’assemblage final. Au total, 1 013 exemplaires du fusil Meunier seront fabriqués, dont 843 seront expédiés sur le front. La production s’achèvera en août 1917, au moment où les RSC Modèle 1917 prendront officiellement le relais.

Cartouche de 7mm Meunier.

Le Meunier A6 reste une arme remarquable pour son époque, tant par sa conception que par sa volonté d’apporter une solution innovante à un moment charnière de l’histoire militaire. Pourtant, il n’échappe pas aux critiques. Deux défauts majeurs lui seront reprochés.

Mécaniquement le Meunier A6 fonctionne par long recul du canon et utilise une culasse rotative.

Le premier tient à sa cartouche spécifique de 7 mm Meunier, performante mais problématique d’un point de vue logistique. Cette munition n’est compatible avec aucune autre arme en service, compliquant son approvisionnement sur un front déjà sous pression.

Le second point faible concerne la fiabilité de l’arme dans les conditions difficiles de la guerre de tranchées. Conçu comme une arme de précision et d’ingénierie, le fusil Meunier se montre sensible à la boue, au sable et au manque d’entretien régulier.

Le CMH010 a un look quasiment normal quand l’arme est déployée.

Hotchkiss Modèle 010 « Hotchkiss Universelle »


Le pistolet-mitrailleur Hotchkiss n’est pas des plus célèbres mais mérite d’être connu grâce à son ingénieux système pour rendre l’arme ultra-compact. En effet, le CMH 010 (Carabine Mitrailleuse Hotchkiss) est un pistolet-mitrailleur pliable.

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, l’armée française entame un vaste programme de modernisation de son armement. L’un des objectifs prioritaires est le remplacement du MAS 38, un pistolet-mitrailleur apprécié pour sa compacité, mais dont la cartouche de 7,65 Long est désormais jugée insuffisamment puissante. Le choix se porte alors sur une nouvelle arme aménagée en 9 mm Parabellum.

En plus du calibre souhaité, on demande une arme particulièrement compacte, capable d’équiper des unités spécifiques telles que les troupes aéroportées ou les personnels embarqués dans des véhicules. Pour répondre à ces besoins, l’arme doit être repliable, tant au niveau de la crosse que du puit du chargeur.

Parmi les industriels sollicités, Hotchkiss propose un projet à la fois original et ambitieux. Fondée en 1904 par l’Américain Benjamin Berkeley Hotchkiss, l’entreprise est bien connue pour sa célèbre mitrailleuse modèle 1914, mais elle cherche désormais à s’imposer sur le marché des armes individuelles.

Le pistolet-mitrailleur qu’elle soumet à l’évaluation se distingue immédiatement par son extrême compacité. En plus d’une crosse métallique repliable et d’un chargeur basculant vers le bas, l’arme est équipée d’un canon télescopique, permettant de réduire encore davantage son encombrement. Une prouesse technique qui, si elle séduit sur le papier, soulève toutefois des questions en matière d’ergonomie et de fiabilité.

Hotchkiss décline son modèle en plusieurs versions pour élargir son potentiel commercial. On trouve notamment :
 

  • Le modèle 010 conçu pour répondre aux besoins militaires.
  • Le modèle 011 doté d’une crosse en bois plus traditionnelle.
  • Et le modèle 017, muni d’un canon fixe, plus long, abandonnant le concept rétractable pour gagner en robustesse.


Ces variantes visent autant l’armée française que les forces de l’ordre, dans un contexte de reconstruction où l’exportation devient également une priorité.

le pistolet mitrailleur remplié
Une fois remplié, le pistolet mitrailleur ne mesure que 54cm de long.

En tout, plus de 7 000 exemplaires de ces pistolets-mitrailleurs seront produits. En France, les CRS en acquièrent environ une centaine, et l’arme est brièvement testée en Indochine. À l’étranger, des livraisons sont effectuées au Venezuela ainsi que dans la police marocaine.

Malgré ces ventes, l’arme ne parvient pas à s’imposer. Sa complexité mécanique, notamment en raison du canon rétractable et des éléments mobiles suscite la méfiance. Jugée trop fragile et coûteuse à entretenir dans un contexte opérationnel exigeant, elle est finalement écartée au profit de solutions plus simples et éprouvées.

le MAS44
Esthétiquement le MAS44 est le chaînon manquant entre le MAS36 et MAS49.

MAS 44


Le MAS 44 est un fusil semi-automatique français qui a donné naissance aux MAS49 et 49/56 que certains ont eu l’occasion d’utiliser lors de leur service militaire.

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la fin de la Première Guerre mondiale n’a pas marqué un arrêt brutal dans le développement des armes semi-automatiques en France. Bien au contraire, dès 1921, un ambitieux programme de modernisation de l’armement est lancé. L’objectif ? Remplacer les armes en service par des modèles plus modernes, avec notamment une nouvelle cartouche sans bourrelet, un fusil-mitrailleur, un fusil à répétition, et bien sûr, un fusil semi-automatique.

Les arsenaux d’État comme la Manufacture d’Armes de Saint-Étienne (MAS), la MAT (basée à Tulle) ou encore la Manufacture de Châtellerault, ainsi que plusieurs entreprises privées sont invitées à développer des prototypes. Divers systèmes d’emprunt de gaz sont explorés : certains classiques, à piston, d’autres plus originaux, comme celui conçu par l’ingénieur Rossignol en 1922, reposant sur une veine gazeuse menant directement de l’évent au porte-culasse. Échaudé par les précédents modèles à long recul du canon, comme les Meunier ou les RSC, l’État-major préfère des solutions plus simples et fiables. D’ailleurs, les spécifications émises dès 1921 imposent un canon fixe éliminant de fait les systèmes à recul.

Le programme de 1921 encadre strictement le développement du futur fusil semi-automatique français. Parmi les exigences techniques :
 

  • Poids maximum de 4 kg (sans baïonnette).
  • Longueur totale de 1,10 m, avec un canon de 60 cm.
  • Simplicité de conception et démontage sans outils.
  • Compatibilité avec les grenades VB.
  • Double bossette à la détente.
  • Sécurité mécanique empêchant le tir si la culasse est mal verrouillée.
  • Sûreté manuelle classique.


Et enfin, un chargeur fixe, alimenté par lames-chargeurs — une contrainte qui deviendra rapidement obsolète.

En 1931, un concours est organisé pour évaluer les différents prototypes. Plusieurs acteurs publics et privés sont sollicités. Finalement, seules des armes des arsenaux d’État sont présentées :
 

  • Le MAS 1928-31.
  • Le MAT 1931 Type A et Type B.


Deux fusils étrangers sont également inclus dans les essais : le SIG KE-9 et le ZH-29 tchèque. Bien que les prototypes français soient prometteurs, aucun ne sera retenu à ce stade.

La MAS poursuit néanmoins ses travaux avec des modèles comme le MAS 1928-33, MAS 34, MAS 38, puis MAS 38-39, qui subit des tests d’endurance. Le 19 décembre 1939, le ministère de la Guerre demande à la MAS s’il est possible de lancer la production de 100 000 fusils. La réponse est sans appel : une production en série n’est envisageable qu’à partir de 1941.

boîtier de culasse du modèle 1944
Détails du boîtier de culasse du MAS modèle 1944.

Malgré l’invasion allemande, les ingénieurs de la MAS continuent à perfectionner leur fusil. Ainsi naît le MAS 1940, qui conserve un magasin fixe de cinq cartouches, tout en explorant des variantes à chargeurs amovibles, y compris celui du FM 24/29. Ce concept, bien qu’expérimental à l’époque, posera les bases du futur système de verrouillage des chargeurs utilisé sur les modèles ultérieurs.

Après la libération de la MAS en septembre 1944, le projet reprend de plus belle. On prévoit même une mise en production du MAS 40 dès novembre 1944 mais avec une exigence nouvelle : l’arme doit désormais être dotée d’un chargeur amovible de 10 à 15 cartouches.

C’est ainsi que naît le MAS 44, officiellement adopté le 11 janvier 1945. Destiné principalement à la Marine nationale, il équipe notamment les commandos envoyés en Indochine.

Ce MAS 44 ne connaîtra qu’une courte carrière : seuls 6 200 exemplaires seront produits à Saint-Étienne. Il sera remplacé par le MAS 49, puis par le MAS 49/56.

Malgré sa diffusion restreinte, le MAS 44 reste une étape essentielle dans la genèse des fusils français modernes, marquant la transition vers un armement plus performant, plus modulaire avec la possibilité d’installer une lunette, et mieux adapté aux réalités du combat moderne.
 

En guise de conclusion


Faire une sélection des armes françaises les plus innovantes relève presque de la gageure tant notre patrimoine armurier est riche et mériterait une reconnaissance plus large. De nombreuses armes n’ont pu être évoquées ici, non par manque d’intérêt, mais par souci de concision. J’aurai sans doute l’occasion de vous parler plus en détails d’autres armes françaises comme le FAMAS qui mérite un article à part entière.

Chacune, à sa manière, porte en elle une part de l’histoire militaire et industrielle de notre pays, témoignant d’une tradition d’innovation constante, parfois audacieuse et souvent en avance sur son temps.

le HK416F
Avec le HK416F, la France rompt avec sa tradition d’équiper ses soldats avec une arme française.

La France a longtemps occupé une place centrale dans le développement des armes de petit calibre, tant par la qualité de sa recherche que par la créativité de ses concepteurs. Des arsenaux d'État comme Châtellerault, Saint-Étienne ou Tulle ont été les berceaux de technologies qui ont influencé bien au-delà de nos frontières. Il est d’autant plus regrettable de constater que cette dynamique appartient aujourd’hui au passé, étouffée par la fermeture progressive des établissements publics et le recul de notre industrie armurière.

Articles Carabines de tir aux armes réglementaires (TAR)