
Un peu d’histoire
Lorsque les Suisses ont changé tout leur armement au début des années 1910, pour l’adapter à la nouvelle cartouche de 7,5x55 GP11, ils décidèrent aussi d’adopter un nouveau mousqueton. Le nouveau fusil d’infanterie nommé Gewehr Modell 1911 remplace les fusils M1889 et M1889/96 chambrés en GP90. Du côté des armes courtes, l’idée est de ne produire qu’une seule et même arme, que ce soit pour la cavalerie, l’artillerie de campagne ou de montagne, et tout corps d’armée nécessitant une arme d’épaule à l’encombrement modéré.
Auparavant, il y avait d’un côté la carabine de cavalerie 1905, et le fusil court 1900. Or, il semblait évident que cela réduirait le coût de ne produire qu’une seule et même arme, d’autant qu’il était possible de concilier les besoins des différents groupes.

Les essais s’intensifièrent à partir de 1909, pour se terminer courant 1912, et avec un début de production en 1914, à la veille de la Première Guerre mondiale. Cette production continue jusqu’à l’arrivée de son remplaçant, le Karabiner 1931. Ce qui signifie que le K11 a eu une durée d’utilisation extrêmement longue, d’autant plus que durant la Seconde Guerre mondiale, il était largement employé par les troupes de l’arrière. Il en résulte une arme reprenant la culasse du Modell 1889/96 ainsi que celle du G11, c'est-à-dire à action rectiligne mais avec les tenons de verrouillage vers l’avant du cylindre central. La hausse commence à 300 mètres, selon les standard de l’époque et où le tir sportif dans les stands suisses sont fait d’usage à cette distance. Le K11 dispose d’un magasin amovible de six cartouches, pouvant être alimenté par clip cartonné.

Avec quelque 185 000 exemplaires produits, le mousqueton 1911 est largement disponible à l’achat, de plus son prix reste bon marché par rapport à la qualité de fabrication de l’arme.
Il n’a certes pas été utilisé à Stalingrad ou Omaha Beach, mais il n’en reste pas moins un classique des armes de surplus, provenant d’un pays qui n’a rien à prouver sur ses compétences en matière de fabrication d’armes à feu.
À noter que les numéros de série inférieur à 30 000 sont en réalité des carabines 1905 ou des fusils courts 1900 convertis en K11. Plus rares, ces K00/11 et K05/11 sont désormais classés en catégorie D, même s’ils sont strictement identiques à n’importe quel K11 et qu’ils chambrent le 7,5x55.
Baïonnettes
Un rapide aperçu des baïonnettes du K11 pour lequel on peut considérer 3 modèles :
- - Le modèle 1889/14 : elle ressemble en tout point à la M1889 du fusil de la même année, sauf que le diamètre de l’anneau de fixation a été réduit à 14 mm, pour correspondre au canon plus fin du K11.


- - Le modèle 1889/92 : moins commun, il s’agit d’une baïonnette dont la pointe a été récupérée sur un exemplaire pour fusil Vetterli (ou Peabody). Elle est couramment appelée “baïonnette de cycliste” car très légère et souvent associée aux vélocipédistes.

- - Le modèle 1914 : immédiatement reconnaissable, il s’agit d’une imposante baïonnette à dos de scie, utilisée par les soldats du génie.

Comme mentionné sur la M1889/92, le diamètre de l’anneau de fixation est diminué de 1 mm par rapport aux baïonnettes de fusils. Elles sont uniquement compatibles sur les K11, les K31 et les fusils de Cadet 1897.
Au stand
Le mousqueton 1911 est une carabine courte, relativement légère et à l'ergonomie agréable. La présence d’une poignée pistolet apporte du confort au tir. La hausse à un cran de mire en U, sur un guidon carré, parfaitement adapté au tir sur cible. L’insertion des cartouches dans le magasin avec l’aide du clip se fait très facilement et la culasse est vraiment très fluide à manipuler : d’un geste vif on enchaîne l’insertion et l’extraction.
À noter que le mythe voulant que les culasses rectilignes soient plus rapides à manipuler que les culasses “classiques” comme sur un Mauser 98k est faux, puisque dans tous les cas le tireur doit utiliser sa main droite (pour un droitier !) pour manipuler la culasse, donc prendre le temps d’enlever sa main du pontet et de la poignée.
Ensuite le tireur doit évidemment décaler sa tête de la crosse, sinon il risque de se prendre l’anneau de sécurité dans le visage… Tous ces petits mouvements sont finalement similaires et réalisés avec la même vitesse que sur une culasse de type Mauser, et le tireur devra se repositionner à chaque fois.

Là où le K11 s’en tire très bien, c’est sur sa détente : elle est excellente ! (Comme toutes les armes suisses ?) Arrivé sur un point dur, le départ de coup est exceptionnellement léger et sans frottements pour une arme militaire. L’angle très incurvé de la détente permet aussi de bien positionner son doigt. L’éjection de l’étui se fait à la verticale et il ne faut pas hésiter à tirer franchement sur la culasse. Au tir couché, pensez que si l’action n’est pas vivement tirée, l’étui peut vous retomber dans le dos…

Les résultats en cibles seront satisfaisants. Le ‘’problème’’ du K11, c’est qu’il est immédiatement comparé à son remplaçant, le K31. Et autant l’annoncer, non le K11 ne sera pas compétitif. Du moins, il reste largement au-dessus dans la famille des mousquetons, mais il ne peut rivaliser face au K31. Son canon est un peu plus court et sa ligne de visée hausse-guidon est elle aussi plus courte, jouant sur les performances en cible. Néanmoins, pour avoir déjà amené le K11 à 300 mètres, il est parfaitement capable et il n’y a aucun doute que vous soyez surpris par les capacités de cette arme courte, maniable et agréable au tir.
