
Typologie des cannes à mouche pour rechercher la truite
En France, la pêche de la truite à la mouche se pratique principalement en mouche sèche par la plupart des pêcheurs. C’est la technique qui fait rêver, car voir un poisson venir gober en surface est toujours un moment magique ! Cependant avec l’évolution et la dégradation des milieux aquatiques les éclosions d’insectes se font de plus en plus rare, et de fait les pêcheurs se tournent vers la pêche en nymphe en employant différentes techniques. Pêche en nymphe à vue, nymphe au fil ou pêche en tandem (sèche-nymphe).
Nous allons nous intéresser dans cet article aux cannes pour la pêche en sèche, mais qui peuvent servir également pour la pêche en nymphe à vue ou en tandem. Les cannes pour la pêche en nymphe au fil, sont très spécifiques même si certaines peuvent être polyvalentes et donc servir aussi pour la pêche au fil.

Le réseau hydrographique français est très varié et offre aux pêcheurs un large choix de tailles et profils de rivière. Il faudra donc choisir sa canne en fonction de ces paramètres principaux.
Dans un premier temps, il faut faire le choix de la longueur de la canne et sa puissance, puis choisir l’action adaptée à votre niveau de pêche et de lancer, mais aussi à la taille des rivières et des poissons que vous allez rechercher.

Longueur des cannes
En France, la canne la plus vendue sur le marché est une 9 pieds (2,70 m) pour soie de 4 voire 5. C’est une taille et une puissance polyvalente qui permet de pêcher pratiquement toutes les rivières de notre réseau hydrographique. Cependant, les pêcheurs en grande rivière et/ou rivière rapide, préfèreront les cannes plus longues, et les pêcheurs en petite rivière, les cannes plus courtes, ceci dans le but d’être plus performant et de s’adapter au contexte. La longueur de la canne va donc dépendre de la taille des rivières où vous allez pratiquer votre passion mais aussi de son profil.
Plus la rivière est grande, plus on aura tendance à utiliser une canne plus longue, comme sur la Dordogne, les Gaves, par exemple, afin de pouvoir lancer plus loin notamment mais aussi réaliser des dérives sans dragage (mouche qui dérive mal et crée une vaguelette à la surface).
Plus la rivière est rapide, donc principalement dans les Alpes et les Pyrénées, plus une canne longue permettra également d’avoir un bras de levier plus important pour une fois de plus avoir une bonne qualité de dérive, et éviter le dragage.
Dans ces cas de figure, les cannes de 10 pieds pour soie de 3/4 sont la norme.
À l’inverse, un pêcheur breton ou du massif central, donc en petite rivière, emploiera une canne de 7 à 8 pieds qui sera beaucoup mieux adaptée. Ces cannes permettent de pêcher à courte, voire moyenne distance et surtout de se faufiler parmi une végétation rivulaire dense.
Les cannes encore plus petites (6 à 7 pieds) seront utilisées pour pêcher de grands ruisseaux ou les têtes de bassin, mais par une proportion plus faible de pêcheurs. Ce sont souvent des cannes secondaires pour pratiquer occasionnellement.

Puissance des cannes
La puissance de la canne est caractérisée par le numéro de soie qu’elle pourra lancer. Aujourd’hui, la plupart des cannes sont faites pour un seul numéro de soie, alors qu’auparavant une canne pouvait être un peu sous-chargée ou au contraire sur-chargée en fonction de leurs actions et du choix du pêcheur mais aussi et surtout du type de soie que l’on associe. L’idéal est de choisir une puissance de canne et d’y mettre la soie adaptée.
Pour une canne de 9 pieds, soie de 4, il faut donc mettre une soie de 4 soit WF, c’est-à-dire Weight forward (poids à l’avant), qui chargera rapidement la canne, ou une soie DT, Double taper (double fuseau) qui sera plus discrète mais qui nécessite généralement plus de soie pour charger la canne. En France, les pêcheurs de truites utilisent des cannes de puissance 3 à 6.

Les soies 3 et 4 pour la pêche en petite à moyenne rivière, souvent avec des cannes de 7,6 à 9 pieds. Les soies de 4 et 5 pour les rivières moyennes à grandes pour des cannes de 9 à 10 pieds. Les soies de 6 pour rechercher de plus gros poissons ou à l’étranger (Nouvelle Zélande, Argentine, …). Les soies inférieures à 3 ne sont quasiment pas utilisées dans notre pays.
Action des cannes
Aujourd’hui sur le marché, il existe différentes actions de canne :
- Action lente (Ces actions sont de moins en moins utilisées) : appelée canne parabolique, ces cannes étaient très courantes il y a plusieurs décennies, notamment avec les cannes en bambou refendu puis en fibre de verre. L’arrivée du carbone a permis d’obtenir des cannes plus rapides et nerveuses. Néanmoins, elles peuvent encore convenir à certains pêcheurs qui aiment pêcher avec une canne qui travaille du talon à la pointe du scion.
- Action moderate ou semi-rapide : ce sont des cannes qui vont travailler sur la partie moyenne à haute de la canne. Elles chargent rapidement et permettent de gommer les erreurs de timing et de blocage et donc sont plus permissives. Idéales pour les pêcheurs débutants, ou les personnes qui pêchent des rivières de taille moyenne. Également pour les pêches délicates. Ces cannes tiennent aussi mieux le poisson et peuvent éviter de casser lorsque l’on utilise des pointes fines. Elles sont également mieux adaptées pour le lancer roulé.

- Action rapide à très rapide : dans ce cas, seul le tiers supérieur de la canne (le scion) sera en action. Elles sont plus adaptées aux pêcheurs avertis, et aux grandes rivières qui demandent des lancers plus longs. Elles permettent de mieux serrer les boucles et donc de passer sous les frondaisons, de percer le vent et d’être très précis. Elles conviennent aussi aux pêcheurs qui aiment la rapidité. Elles permettent également de bien brider les poissons. En contre-partie, elles peuvent occasionner des décrochés, et sont moins adaptées aux pêches avec des pointes fines (inférieur à 12/100).
Pour résumer, plus l’action est lente plus la canne va plier sur une plus grande partie du blank (carbone). Plus l’action est rapide, moins la canne pliera. Seul le scion sera en flexion et le reste du blank conservera une grande puissance.
La plupart des pêcheurs utilisent des cannes semi-rapide qui permettent de lancer à toute distance et d’avoir de bonnes sensations. Les cannes rapides sont plutôt destinées aux pêcheurs confirmés et experts qui aiment la rapidité. Elles sont souvent destinées aux pêches à plus grande distance et/ou plus techniques.
Type de poignée
La poignée a un rôle important dans la tenue de la canne. Elle doit vous permettre de bien l’avoir en main et un certain confort. Elles peuvent être fabriquées en différents matériaux, et ont différentes formes.
Matériaux de la poignée
Les poignées sont principalement en liège, de différentes qualités, mais il en existe également en mousse EVA, ou en carbone. La grande majorité des pêcheurs utilisent des poignées en liège.
Les poignées EVA sont plus pour le look, mais aussi pour les cannes plus puissantes (brochet, mer,…). Les poignées en carbone sont utilisées par certains pêcheurs qui montent leurs cannes, par goût ou esthétisme.
Forme de la poignée
La forme de la poignée dépendra aussi de la tenue de la canne et de l’utilisation du pouce ou de l’index sur le dessus.
Il existe des poignées tulipes, cigare, full wells et half wells, reverse half wells. C’est une question de goût, mais la poignée est généralement proposée en fonction du modèle de canne. Nous n’avons pas trop le choix du type de poignée pour un modèle de canne, sauf si l’on monte soi-même ses cannes.
Les monteurs de canne peuvent choisir la poignée qui leur convient et même la personnaliser.
Couleur de la canne
Les fabricants de cannes à mouche proposent aujourd’hui des cannes de toutes les couleurs. Elles sont principalement de couleurs neutres (marron, grise, verte) assez discrètes mais il en existe aussi avec des couleurs plus vives.
Pour les pêches conventionnelles, la couleur n’a pas une grande importance sauf pour le pêcheur qui parfois apprécie tel ou tel look. Pour les pêches à vue sur des poissons éduqués, une canne de couleur neutre, peu brillante et à privilégier pour ne pas se faire repérer par les poissons.
Encombrement et nombre de brins
De nos jours les cannes à mouche de 9 et 10 pieds sont souvent en 4 brins, ce qui permet d’avoir un encombrement minimum et de pouvoir transporter sa canne dans un étui court, très pratique pour le transport en voiture, et notamment pour le voyage.
Certaines cannes peuvent être en plus ou moins de brins.
Les cannes courtes sont parfois en 3 brins comme la SAGE DART 7,6 soie de 4 et 6,6 soie de 3.
Certains fabricants proposent également des cannes en 6 à 8 brins pour un encombrement encore plus limité ce qui permet d’avoir un étui encore plus petit, mais c’est assez rare.
Types de pêche
Le pêcheur choisira sa canne aussi en fonction du type de pêche qu’il va pratiquer le plus régulièrement : pêche en sèche, nymphe, noyée, ou streamer. Pour la pêche en sèche qui est la technique reine, il est courant d’employer des cannes de 9 pieds pour soie de 4 ou 5. Sauf, si comme nous l’avons vu, vous allez pratiquer dans de petites à moyennes rivières et dans ce cas une canne de 7,6 ou 8 pieds sera plus polyvalente, ou plus petites si nécessaire.
Cette canne de 9 pieds permettra aussi de pêcher en nymphe à vue, technique pratiquée sur les rivières aux eaux claires où l’on peut repérer le poisson pour le prendre à vue, c’est-à-dire en voyant le poisson se saisir de notre nymphe.
Pour les pêches en eaux plus rapides, les cannes plus longues sont souvent de mise et permettent de mieux lancer, notamment pour la pêche en tandem souvent pratiquée, c’est-à-dire à deux mouches (une sèche et une nymphe), et faire dériver nos mouches (sans dragage) mais aussi de pouvoir pêcher en nymphe au fil qui peut être pratiquée avec ce même type de canne. Dans ce cas, une 10 pieds soie de 3/4 sera bien adaptée.
Certains pêcheurs experts en rivière rapides préfèreront des cannes plus courtes avec l’utilisation d’un long bas de ligne, pour faire de belles dérives et bien présenter leurs mouches.
En grande rivière, les lancers seront souvent plus longs, et une canne de 10 à 10,5 sera mieux adaptée pour gagner en distance, mais aussi contrôler ses dérives et améliorer la présentation de la mouche.
Pour les autres pêches, bien moins pratiquées, c’est-à-dire en noyée, ou au streamer, les cannes seront souvent de 9 pieds, mais d’actions différentes.
Pour la noyée, le lancer roulé est souvent utilisé, mais dans tous les cas, des actions modérées ou semi-rapide seront mieux adaptées pour propulser un train de deux ou trois mouches sans faire trop d’emmelâges. Ces cannes amortiront aussi les touches et éviteront les décrochés.
La pêche au streamer demande de lancer des mouches plus volumineuses et/ou lourdes et dans ce cas une canne plus puissante d’action rapide pour soie de 5/6 sera mieux adaptée. Cette pêche se pratique surtout en début de saison et est assez peu pratiquée dans l’ensemble.
Niveau de pratique
Le niveau de pratique (débutant, confirmé, expert) sera aussi un facteur de choix pour acheter la canne d’action adéquate.
Les cannes d’action lente, sont quasiment plus utilisées, même si certains pêcheurs ne jurent que par ce type de canne.
Lorsque l’on débute la pêche à la mouche les cannes semi-rapide seront plus faciles à maitriser et permettront de mieux sentir l’action de la soie sur la canne pour parvenir à avoir le bon timing et dérouler correctement le bas de ligne. Ces actions pardonnent également plus les erreurs des pêcheurs débutants.
Plus on se perfectionne dans le lancer, plus on aura tendance à utiliser des cannes semi-rapide à rapides. C’est aussi une histoire de ressenti et donc de goût mais également en fonction de sa personnalité. Les personnes calmes, détendues et patientes aiment les actions plus douces. Les personnes plus « nerveuses » ou actives apprécient les actions plus rapides. Les cannes les plus polyvalentes étant les semi-rapide.

Adapter sa canne à ses pêches
En résumé, il y a donc plusieurs facteurs à prendre en ligne de compte pour choisir sa canne comme nous l’avons vu dans cet article.
Il faut donc avoir une bonne idée de ce que l’on veut faire avec pour aiguiller ses choix. Taille de rivière, profil, utilisation, mais aussi en fonction de la ou des techniques que l’on va majoritairement pratiquer.
Aujourd’hui les pêcheurs à la mouche ont souvent plusieurs cannes pour les différentes utilisations. Une canne pour la pêche en sèche et en nymphe à vue. 9 pieds soie de 4 ou 5.
Une canne pour pêcher en nymphe au fil. 10 à 11 pieds soie de 3/4.
Une canne de 7 à 8,6 pour pêcher en petite rivière. Une canne de 10 pieds soie de 4 pour pêcher en grande rivière. Parfois des cannes plus courtes pour pêcher en toutes petites rivières.