Mag' Chasse

C'était devenu un sujet de discussion récurrent sur les salons de la chasse professionnels et publics, une arlésienne, une arme dont tout le monde parlait mais que personne n'avait jamais vu ! La fameuse carabine à rechargement linéaire de Beretta a fait couler beaucoup d'encre et de salive, et ce n'est près de s'arrêter car désormais, carabine entre les mains, nous avons en effet beaucoup de choses à écrire dessus et à vous raconter sur les vidéos que vous pouvez retrouver sur notre chaine YouTube !
Il a fallu 7 ans de développement aux ingénieurs de Beretta, des milliers de cartouches tirées, des centaines de plans en 3 D pour aboutir à cette arme qui apporte de vraies innovations techniques ! Certains, dont je fais partie, avaient même pensé que le récent rachat de Chapuis Armes par Beretta était peut-être lié à ce dossier, une solution pour changer le nom de la Rols de Chapuis en ??? de Beretta ! Que nenni, la BRX1 est bien une nouvelle carabine, et sacrément bien étudiée ! Notons tout de suite que l'arme est intégralement fabriquée en Italie et même majoritairement chez Beretta, une fierté pour la marque.
 

La crosse et le devant de la BRX1 Beretta

La crosse et le devant sont sobres et assez simples, confectionnés dans un polymère noir qui ne sonne pas trop creux. La carabine BRX1 étant conçue pour être ambidextre, cette crosse ne comporte pas de joue, ni de busc. Elle est assez droite et seuls de légers renflements sur la poignée viennent épouser la paume de la main. Les formes rappellent celles de la Merkel RX Helix avec une crosse qui se termine à l'avant du pontet et un devant muni de deux lames sur les côtés qui viennent recouvrir le boitier de culasse. Crosse et devant peuvent bien sûr être désolidarisés du boitier de culasse, ce qui laisse présager des personnalisations possibles dans les années à venir ! La BRX1 est munie du même dispositif que les carabines à verrou T3X de Tikka avec une poignée pistolet qui peut être désolidarisée grâce à une vis Torx placée sous la poignée. Il sera possible là aussi de changer cette pièce, surement avec des modèles colorés. Cette poignée pistolet comporte une texture de surface plus travaillée que le reste de la crosse, plus rêche et qui offre une bonne prise en main et un grip non abrasif. La même texture se retrouve sous le long devant de la carabine afin que chaque chasseur, quelle que soit sa taille et sa façon de tenir l'arme puisse profiter de ce grip. Il est aussi efficace lorsque l'on pose la carabine sur un sac de bench au stand ou un sac à dos à la chasse.
La crosse mesure 36,5 cm de la queue de détente à l'extrémité de la plaque de couche. Une longueur traditionnelle... Elle est livrée d'origine avec une cale, cale bien connue puisque c'est la même que sur le fusil semi-automatique A400 ! Il est donc possible d'ôter cette cale si vous êtes d'un petit gabarit ou bien au contraire d'en acheter d'autres pour allonger la crosse. On peut aller de 35,5 à 37,7 cm. Le prix des cales est vraiment modique, un avantage ! La plaque de couche noire est simple et sobre et joue bien son rôle en amortissant le recul de la carabine et en agrippant un peu le tissu de la veste ou du gilet.
Les fixations pour battant de crosse et grenadière sont solidement fixées dans le polymère.
 

Le boitier de culasse

Traité noir mat en surface il est confectionné en aluminium pour faire gagner quelques grammes à cette carabine qui pèse 3,349 kg nue en 30-06 Springfield. Il est l'élément central de la carabine sur lequel viennent se fixer devant et crosse, canon, culasse et chargeur. Bref, il se doit d'être très bien usiné et solide. Il comporte à l'intérieur, un système qui va empêcher la culasse de reculer au moment du tir, nous y reviendrons plus tard. Le boitier en lui-même n'est pas très haut, 4,7 cm seulement au niveau du pontet mais comme il est coiffé par la massive culasse, il ne passe pas inaperçu.
 

La culasse et le verrouillage

Comme sur toutes les carabines linéaires, c'est surement la pièce qui demande le plus de recherche et développement lors de la création de l'arme ! Surtout ici… Les responsables de Beretta ont tout de suite souhaité proposer une carabine ambidextre. C'est un des reproches récurrents fait à Blaser qui ne le propose pas sur tous ses modèles et à Merkel qui n'a aucune version gaucher. Il faut dire que c'est couteux, il faut presque entièrement revoir le fonctionnement de l'arme et la fabrication de nombreuses pièces, pour seulement environ 15 % de chasseurs. Les malheureux !
Sur la BRX1, il est possible de basculer le levier de culasse à droite ou à gauche, le tout sans outil et assez simplement ! Il est aussi possible d'intervertir le sens d'éjection des cartouches, à gauche ou à droite et ceci indépendamment de la position du levier de culasse. Vous donc choisir un levier à droite et une éjection à gauche si vous le souhaitez. Il faut pour cela déposer la tête de culasse et la remonter en sens inverse.
La culasse est assez massive, 3 cm de hauteur, 3,4 cm de largeur, 21 cm de longueur et un poids de … 522 g ! Elle est guidée de part et d'autre dans des rails usinés dans le boitier de culasse. Elle se dépose simplement en pressant un arrêtoir placé côté gauche et bien cranté pour un appui sûr.
A l'arrière nous retrouvons la sureté manuelle, que je vais détailler plus loin.
A l'avant la massive tête de culasse comporte une rangée de 8 tenons en calibre standard et une double rangée de 8 tenons pour les calibres magnum. Beretta a repris le fonctionnement de la tête de culasse rotative de son fusil de chasse??? pour équiper la BRX1. Autant dire qu'il est fiable et a été éprouvé par des millions de coups tirés !
Etant donné que la tête de culasse est mobile, vous avez compris qu'il est possible de changer de calibre et de groupe de calibre en changeant aussi le canon et le chargeur !
Le levier d'armement est assez coudé vers l'arrière. Il est fixe, il n'y a pas de mouvement de bascule au moment d'ouvrir ou fermer la culasse. On tire dessus tout simplement ! Il est terminé par une boule bien sphérique et dont la surface est granuleuse afin d'offrir un bon grip comme sur la poignée pistolet. Elle se dévisse, on pourra donc là aussi personnaliser sa carabine ! 
Le poids de cette culasse s'il est un handicap pour le poids général de l'arme est en revanche un atout lors de sa manipulation car l'inertie provoquée par cette masse aide à ouvrir et refermer la culasse. Rien qu'en donnant une impulsion vers l'avant la culasse se verrouille toute seule. Il faut dire que Beretta a installé une sorte d'assistance de fermeture dans la sous garde, juste à côté du système de percussion. Une lame mue par un ressort se relève au passage de la culasse et vient aider à la pousser vers l'avant et à verrouiller le tout. Ingénieux !
 

La sureté

C'est un mécanisme de sureté et non un armeur qui équipe cette BRX1 même si au premier regard la forme est identique. La carabine n'est pas équipée d'un percuteur muni d'un ressort que l'on comprime au moment de l'armement mais d'un système avec un marteau. Choix étonnant mais défendu par Beretta en termes de fiabilité dans le temps. Là encore leur expérience dans le domaine militaire parle et lorsque l'on presse la queue de détente on va libérer le marteau, une pièce métallique équipée d'un gros ressort qui va venir frapper l'arrière de la tige du percuteur et provoquer le coup de feu.
Le mécanisme de sureté comporte trois positions bien identifiées sur l'arrêtoir. Lorsque celui-ci est tout en bas, une lame vient recouvrir le marteau qui ne peut plus bouger et la culasse est bloquée. La seconde position, indexée avec un marquage blanc à la base du poussoir cranté, bloque toujours le marteau mais permet d'ouvrir et fermer la culasse. On peut donc charger et décharger la carabine dans cette position en toute sécurité. Enfin le poussoir tout en haut découvre un point rouge bien visible indiquant que l'arme est prête à faire feu ! Le maniement est assez fluide et pas trop bruyant sauf si vous appuyez sur l'arrêtoir sans le retenir avec le pouce.
 

La sous garde

Le bloc de sous garde est entièrement détachable, presque sans outil, une lame de couteau suffit ! Il suffit d'ôter la culasse de l'arme pour accéder au système de dépose. C'est très simple. Cela offre beaucoup d'avantages ! Un nettoyage et un entretien complet de ces pièces, une sécurité renforcée lors des trajets et stockage chez soi, il suffit de déposer le bloc de sous garde pour neutraliser l'arme, comme sur le R8 Blaser lorsqu'on enlève le chargeur et le bloc détente. Enfin cela permet d'accéder au système de réglage des poids de départs. Et oui, autre belle innovation, la BRX1 vous permet de configurer vous-même le poids des départs avec un réglage pré établi sur trois positions, 1 ; 1,250 et 1,5 kg ! Beretta préconise bien sûr le réglage le plus lourd en battue et le plus léger pour les chasses d'approche et affut et les tirs en stand.
J'ai vérifié le poids des départs avec un appareil spécifique de mesure. J'avais placé le système sur le plus faible poids pour aller au stand vérifier la précision et j'ai obtenu une moyenne de 950 g sur dix tests.
 

Le chargeur amovible

Vous ne pouvez pas le rater, il est orange fluo ! Ricardo Olivieri, le chef produit chasse de Beretta nous a bien fait rire lors de la présentation à la presse dans le sud de la France le 28 Septembre dernier lorsqu'il a indiqué que la couleur du chargeur, « c'est pour faire fun sur la carabine » ! Et puis il a détaché le chargeur et l'a lancé dans l'herbe et disant que c'était aussi très utile pour le retrouver en cas de chute. Chute qui ne devrait pas arriver car ce chargeur est maintenu en place par un système de double arrêtoir qu'il faut presser simultanément pour le sortir du puit. Le chargeur est confectionné en polymère, il est large et trapu ce qui lui permet de ne pas sortir visuellement du boitier de culasse, un avantage esthétique. Et pourtant ce chargeur contient 5 cartouches, aussi bien en calibre standard que magnum, une prouesse. Les munitions sont installées en pile imbriquées, d'où la largeur importante. Avec la 6 ème balle dans la chambre vous avez une bonne réserve.
Il y a trois tailles de chargeurs, ils sont interchangeables si vous souhaitez changer de calibres sur votre carabine. Notez qu'il est possible d'alimenter le chargeur par le haut de la carabine, chose assez rare sur ce type d'arme.

Le canon

Sa conception a bien fait transpirer les ingénieurs de Beretta car il est confectionné en acier martelé à froid d'un seul tenant avec la chambre. Il  donc usiné d'une seule pièce pour accroitre la concentricité de cette pièce. Cette construction accroit la précision de la carabine qui est donnée pour des groupements sub MOA. On devrait donc obtenir un groupement d'environ 2,9 cm à 100 m. Toutes les armes sont vérifiées dans l'usine et testées, comme chez Sako ! Ce canon dispose d'un diamètre externe de 16 mm à la bouche. Un filetage termine le canon au pas de M14x1 et permet de visser un frein de bouche ou un réducteur de son.
Pour cette première année la carabine BRX1 n'est proposée qu'en trois calibres, le 308 Winchester avec des longueurs de canon de 51 ou 57 cm, le 30-06 Springfield en 51 et 57 cm aussi et le 300 Winchester magnum avec un canon de 62 cm. D'autres, dont le 6,5 Creedmoor vont rapidement suivre.
Il est possible de désolidariser le canon de l'arme. Pour se faire vous devez actionner deux vis à tête 6 pans imperdables sous le devant. Le canon repose dans un berceau en V ce qui lui permet de retrouver automatiquement la même position lorsque vous le fixez à nouveau. Une portée de recul insérée dans le berceau du devant accroit encore la précision de montage. On peut changer de calibre en changeant de canon.
La frette comporte une prolongation supérieure qui accueille le long rail Picatinny qui permet de fixer les optiques de visée, lunettes de tir ou viseurs à point rouge comme un Aimpoint. Il sera aussi possible de choisir un rail de type Tikka. Beretta a pensé aux utilisateurs de lourdes lunettes de tir et aussi à ceux qui équipent leur optique d'un clip on thermique ce qui alourdit l'ensemble. Un insert en polymère plus souple a été positionné sur la culasse mobile pile au niveau de l'arrière du rail afin d'encaisser les vibrations à cet endroit si le rail touche un peu la culasse.
 

Sur le terrain

Vous l'avez compris, j'ai donc pu tester cette carabine lors de journées presse en stand de tir. Nous étions une douzaine, il n'y a pas eu d'incident malgré les dizaines de munitions tirées. Les résultats en cible furent bons, alors même que nous avons utilisé que qu'un seul modèle de munition, des Sako Hammerhead de 11,7 g en 30-06 sprg.
J'ai eu la chance de pouvoir rentrer avec une arme chez moi pour rédiger ce test en détail et réaliser ces photos. J'ai donc pu tester cette carabine avec d'autres munitions en stand.
Voici mes observations. Les Sako Hammerhead passent très bien dans ce canon. C'est avec cette munition que j'ai eu le plus petit écart et que j'ai donc utilisé en fin de séance pour vérifier le bon repositionnement du canon après l'avoir déposé. J'ai donc tiré 2 balles à 50 m qui se sont plantées l'une dans l'autre. J'ai dévissé les 2 vis de maintien du canon, déposé celui-ci et remonté dans la foulée. J'ai de nouveau tiré 4 balles qui sont venues frapper la cible 1,5 cm au-dessus du premier groupement mais toutes l'une dans l'autre…
Un bon test que vous pouvez retrouver en vidéo sur notre chaine YouTube.

Sako Hammerhead de 11,7 g, 180 gr, V0 : 820 m/s
Les trois balles se touchent à 50 m. Ecart 1 cm


Sako Hammerhead de 11,7 g, 180 gr, V0 : 820 m/s
Premier tir, deux balles trou dans trou
Second tir après démontage du canon 4 balles trou dans trou


Norma Eco Strike de 9,7 g, 150 gr, V0 : 900 m/s
Ecart du meilleur groupement: 1,5 cm

RWS Hit de 10,7 g, 165 gr, V0: 851 m/s
Ecart du meilleur groupement: 1,4 cm

Blaser CDC de 10,4 g, 160 gr, V0 : 855 m/s
Ecart du meilleur groupement: 2,2 cm

Hornady Surperformance GMX de 11,7 g, 180 gr V0 : 860 m/s
Ecart du meilleur groupement: 3,7 cm
 

Découvrez la vidéo de présentation de cette carabine BRX1 de Beretta

Découvrez la vidéo du test en stand de cette carabine BRX1 de Beretta